Joséphine est née dans une famille aux racines juives et catholiques. La vision d’un Christ souffrant allait la détourner longtemps de la foi… Pour mieux la rappeler ensuite et imprimer à sa vie un tournant inattendu…
PROPOS RECUEILLIS PAR JEANNE FLEURY POUR DÉCOUVRIR DIEU
Ma famille est juive du côté de mon père et catholique du côté de ma mère. J’ai été baptisée bébé pour faire plaisir à ma grande-mère, mais cela ne m’a pas empêché de fêter à la fois Shabbat, Pessa’h et Hanouka ou d’aller à la messe pour Noël et Pâques.
À l’âge de dix ans, j’ai assisté à la messe dans une petite église de campagne assez sinistre, très tôt le matin. Le grand crucifix, couvert de sang, un peu cassé, m’a vraiment traumatisée, j’ai eu très, très peur ! En sortant de l’église, j’ai dit à mes parents : « Je ne veux plus du tout entendre parler de religion ! Qu’est-ce que c’est que cette religion de souffrance et de mort ? » Mon rejet était complet ! Je n’ai jamais fait mon catéchisme et il n’était plus question de me faire entrer dans une église, même le temps d’un concert ! Je faisais des cauchemars où je voyais des croix en flamme. La religion était synonyme de souffrance, de mort. Dieu était un père cruel qui faisait mourir son fils…
« TOUT NE S’ARRÊTAIT PAS À LA SOUFFRANCE »
Un jour, autour de 16 ans, je suis passée devant l’église de mon quartier. Je me rappelle avoir pensé : « Ça a l’air d’être une belle église, il doit y avoir des beaux tableaux à l’intérieur. Pourquoi ne pas y faire un tour pour regarder ? » Tout était silencieux, il n’y avait personne. Sur un grand vitrail au-dessus de la nef, était représentée la crucifixion. Il était midi et un rayon de soleil est passé au travers. En voyant cette crucifixion baignée de lumière, c’est comme si, en un instant, je comprenais que non, tout ne s’arrêtait pas à la souffrance et à la mort de Jésus. Derrière, il y avait la victoire de la vie sur la mort, la victoire de l’amour sur le mal. C’était lumineux.
« JE SUIS RESTÉE PUDIQUE SUR MA FOI »
En une seconde, la foi est venue dans mon cœur. Sur un présentoir, je suis tombée sur un texte des béatitudes : « Heureux les pauvres de cœur, heureux les doux, heureux ceux qui pleurent… » Ce texte m’a touchée. Il s’adressait aux catholiques, mais pouvait aussi s’adresser aux juifs, en tout cas j’avais cette sensibilité-là. Il a fait naître dans mon cœur le désir d’en savoir davan- tage. Pendant un mois, en sortant des cours, je suis passée chaque jour dans cette église, juste pour être là, rien que cinq minutes. Un jour, j’ai aperçu un prêtre. Je suis allée lui parler et j’ai fait ma première communion et ma confirmation un an plus tard.
« On dit que quand on découvre Thérèse, elle ne vous lâche plus. Elle ne m’a pas lâchée »
Je suis restée très pudique sur ma foi, je n’en parlais à personne. J’en ressen- tais même un peu de honte. Il n’y avait pas le moindre « catho » dans mon entourage. Je n’arrivais pas à concilier ma foi et ma vie quotidienne. Je me posais plein de questions existentielles. Un chagrin d’amour m’a beaucoup secouée. Je vivais seule, mes prières n’étaient jamais exaucées. La souffrance dans le monde m’était insupportable. J’ai ressenti de la colère contre Dieu. J’ai commencé à me faire du mal, à me scarifier.
« J’AI VÉCU MA DEUXIÈME CONVERSION »
Le prêtre qui m’accompagnait m’a recommandé la lecture de l’Histoire d’une âme de sainte Thérèse de Lisieux. Au bout de deux pages, j’ai été bouleversée et j’ai vécu ma deuxième conversion. J’ai découvert un ange de tendresse et une petite femme courageuse, clairvoyante, à la théologie lumineuse, avec sa « petite voie » de confiance et d’amour. On n’a pas besoin de faire des choses incroyables pour être saint. On dit que quand on découvre Thérèse, elle ne vous lâche plus. Elle ne m’a pas lâchée.