Ce refuge des pécheurs est en fait un refuge d’amour. Là où Dieu réconcilie, il apporte la paix dans les cœurs. Dans les tendres montagnes des Hautes-Alpes se niche un trésor qui ne doit plus rester secret. J’ai testé pour vous.
PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE PELLEGRIN
PAR ANNE-CLAIRE DÉSAUTARD-FILLIOL
Nous sommes fin avril. Le printemps est à son apogée. Quelques poules jouent dans les hautes herbes. Les pèlerins se mélangent aux gens du petit village. La paix. Les glycines embaument le sanctuaire. Tellement qu’on imagine cette sublime odeur monter jusqu’au ciel. Il paraît qu’ici, la Vierge Marie offre parfois, comme un cadeau, de sentir les parfums du Ciel. Quelque chose d’inimitable sur terre, témoignent ceux qui ont senti. Ces odeurs ont une histoire. Benoîte, jeune bergère très croyante du XVIIe siècle, s’occupait de ses chèvres quand une Belle Dame vint la voir à plusieurs reprises. Cette Belle Dame n’est autre que la Vierge, qui lui demanda de faire construire une chapelle là où elle sentirait de bons parfums. La Vierge Marie lui apparaît au Laus pendant 54 ans, de ses 17 ans jusqu’à sa mort, amenant avec elle, foi et guérisons. Elle a demandé ce lieu à son fils Jésus-Christ pour que les gens viennent chercher la guérison en s’appliquant l’huile de la lampe du sanctuaire. « Dieu a voulu un lieu pour la conversion des pécheurs ». Je suis au bon endroit. Qui ne porte pas sur son dos, des blessures et des péchés, petits ou grands ? Logé dans un petit studio au cœur de l’hôtellerie, nous pouvons assister aux offices.
Je ne souffre plus aujourd’hui
Dans ces montagnes verdoyantes, les Préalpes manifestent leur beauté. De nombreux sentiers balisés conduisent le pèlerin vers les lieux d’apparitions de la Vierge Marie. Nous marchons vers Pindreau en chantant le chapelet (50 prières du « Je vous salue Marie »). Le chemin serpente dans une forêt clairsemée et accueillante. Le soleil tape déjà et les chapeaux sont de mise. Bientôt l’heure du pique-nique tant attendu par les enfants. Un point de vue superbe sur la vallée et le village de Saint-Etienne-le-Laus, village d’origine de Benoîte, nous guide vers Pindreau, lieu d’apparition de Marie. De grandes statues rappellent la scène. Ici, c’est certain, les prières sont entendues.
Le temps n’étant pas le même au Ciel et ici-bas, nous pouvons aisément penser que nous sommes encore au jour de l’apparition.
Direction la chapelle du Précieux-Sang, lieu souvenir de l’apparition de Jésus crucifié à Benoîte. Ce jour-là, un ange la soutient devant une telle douleur, transmettant ce message de Jésus : « je ne souffre plus aujourd’hui comme tu me vois mais c’est pour que tu saches comme j’ai aimé les Hommes ». Elle mettra plusieurs mois à se remettre de cette vision de souffrance.
Refuge des pécheurs
Dans cet écrin de verdure, les petites montagnes consolent avant même d’adresser une prière à quiconque. Beauté de la Création comme pour inviter les pécheurs à se rassurer devant l’amour infini du Sauveur mort sur la croix pour les pardonner, les guérir, non pour les juger.
Ce grand sanctuaire familial offre au visiteur d’un jour, au pèlerin, à l’égaré, un moment de réconciliation inédit. Sur la place, le clapotis de l’eau coule sous la statue de la Vierge. Il prépare à aller vers la Source d’amour infinie. Des prêtres sont présents chaque jour pour des temps de confession.
Nous assistons, samedi soir, à une veillée mariale de guérison. C’est ma première fois. Entre louanges, prières et bénédictions, nous avançons, rangée par rangée vers ce lieu d’apparition de la Vierge, « refuge des pécheurs », abritée dans la chapelle à l’intérieur de l’église, pour s’appliquer l’huile sur le lieu de nos souffrances, dans un moment de recueillement et de prières.
Voir cette foule se prosterner devant la Vierge souriante dans l’espoir d’une guérison future est un moment à la fois émouvant et heureux. Que serait la vie sans la foi ? Ô Notre-Dame du Laus, guéris ceux qui sont présents ce soir, confiants, abandonnés à ton amour. La puissance de la prière commune s’est offerte à moi comme un cadeau.