NOËL : FOLKLORE OU RÉALITÉ ?

27 novembre 2019

17 L1v N109 P. Durodié

Le monde entier fête Noël, à grand renfort de sapins, cadeaux, repas festifs… Pour beaucoup, c’est un joli folklore. Mais pour les chrétiens, cette fête est bien plus : c’est le jour où ils célèbrent la venue de Dieu sur terre
dans un nouveau-né, en Israël, il y a plus de 2 000 ans.

LE DÉBAT ENTRE LILI SANS-GÊNE* ET JULIEN DURODIÉ

Je peux comprendre qu’on puisse croire en un Dieu quelque part dans le ciel, mais qu’il soit venu sur la terre, je n’en vois pas le sens… Pourquoi serait-il venu de si loin ? Ça ne tient pas la route.

Dans le ciel, s’il y reste, Dieu est bien lointain et inaccessible, une sorte de mystérieux grand architecte… Que serions-nous capables d’en dire ? Pourrions-nous penser qu’il s’intéresse aux hommes ? Dieu, venu de « si loin et de si haut », vient nous dire qu’il nous aime. N’est-ce pas une incroyable belle découverte sur ce Dieu dont nous savions déjà qu’il était créateur ?

Et comment un Dieu peut-il être en même temps homme ? C’est un peu tiré par les cheveux, votre affaire… Même lui n’a pas l’air d’y croire dans les évangiles !

Si Dieu est Dieu, alors il ne peut être que tout- puissant. Se faire homme, alors qu’il est Dieu, nous semble peut-être étonnant, mais rien n’est impossible pour lui. Il veut se faire tout petit pour montrer jusqu’où va son amour. Prêt à tout pour cela ! C’est une nouveauté extraordinaire du chris- tianisme : Dieu se fait petit enfant et vient vivre parmi les pauvres. C’est un abaissement, certes, pour un Dieu tout-puissant, mais c’est une magnifique preuve de proximité et une source d’espérance pour tous.

Et puis, tout ce folklore autour de la naissance de l’Enfant-Jésus, ça rend encore plus ridicule cette histoire, honnêtement. Pourquoi avoir imaginé un âne et un bœuf dans la crèche, et des anges qui chantent autour ? C’est un peu caricatural comme décor, tout de même !

Mettez un enfant au milieu des animaux, présen- tez-leur un nouveau-né, et vous verrez combien Dieu est pédagogue en choisissant la simplicité de la grotte de Bethléem pour se manifester au monde : un Enfant nouveau-né, entouré de son père adoptif et de sa mère, visité par les bergers des alentours. C’est ainsi relaté dans l’Évangile. C’est simple, c’est beau, c’est vrai. Réchauffé pro- bablement par un âne, un bœuf, des brebis… : ça, c’est une tradition qui nous rend la scène plus familière encore. Pourquoi pas ?

Pourquoi ne pas être venu plutôt sous l’aspect d’un roi ou d’un puissant, qui aurait impressionné les foules : un bébé, ça ne convainc personne. C’est n’importe quoi, ce nouveau-né que les rois mages viendraient adorer du bout du monde. Pas du tout crédible !

C’est effectivement étonnant que Dieu ne soit pas né dans le palais d’un prince. En naissant dans une grotte servant d’abri pour les bergers et les animaux, Dieu n’hésite pas à nous livrer un mes- sage qu’il ne cessera pas de répéter tout au long de la prédication de Jésus : il faut un cœur d’enfant pour entrer dans le mystère de Dieu. Invitation à la pureté, à l’innocence, et non pas à l’immaturité bien sûr ! Il y a chez les mages, qui viennent ado- rer cet Enfant, quelque chose de cette innocence. Cela prouve bien que les adultes à l’esprit d’en- fance peuvent aussi accueillir le mystère de Dieu. Merci, les mages ! Vous nous rassurez !

Et tout ce temps perdu avant de se faire homme : sa longue enfance dont on ne sait rien, ses trente premières années à rester dans son village perdu : ce n’est pas un rapide, votre Dieu !

Le Pape Paul VI disait : « Nazareth, c’est le silence. » Jésus est resté silencieux pendant environ trente ans avant de se manifester publiquement. Quelle leçon ! C’est dans le silence que Dieu parle, c’est dans le silence que nous nous découvrons nous- mêmes. Alors que nous nous acharnons à faire, à produire, à nous activer pour briller, Dieu nous dit à travers la vie de Jésus à Nazareth que « l’amour, ce n’est pas de faire des choses extraordinaires, mais de faire des choses ordinaires avec un amour extraordinaire ». C’est ainsi que s’exprimait sainte Thérèse de Lisieux : c’est le chemin de l’enfance spirituelle. Accessible à tous !

Et Dieu, ensuite, aurait erré comme un manant sur les routes de Palestine à essayer de vendre son projet divin, de convaincre les gens de croire en lui, un par un ? C’est un plan de looser, ça !

Si dans nos sociétés abîmées par la maladie, la solitude, le burnout, on trouvait quelqu’un à faire des miracles, à redonner espérance, on accourrait vers lui ! N’est-il pas vrai que nous attendons tou- jours parmi nos politiques l’homme et la femme providentiels ? Jésus en son temps a attiré des foules considérables sur cette petite terre de Pales- tine et accompli des guérisons, des conversions par milliers. Sa seule arme, c’est vrai, comme il avait voulu se dépouiller de toute autre chose, c’était l’amour jusqu’au don total de sa vie. Et aujourd’hui, ressuscité, à jamais vivant, il continue d’exercer une fascination dans le cœur de millions d’hommes, à guérir, à redonner courage, à donner le sens de la vie. Jésus, un looser ?

Et pourquoi aurait-il choisi la Palestine comme « zone d’atterrissage » ? Pourquoi n’a-t-il pas fait le tour du monde si ce qu’il avait à dire était si important ?

Même histoire ! Un petit peuple, pourtant élu depuis un lointain ancêtre, Abraham. Une petite bourgade, Bethléem. On lisait d’elle dans les pro- phéties : « Et toi, Bethléem, tu n’es certes pas le moindre des cantons de Juda, car de toi naîtra un sauveur » (Michée 5, 1 ; cité par Matthieu 2, 6). Mais quel incroyable succès ! Dans ce petit pays, au bord d’une petite rivière, il a choisi douze apôtres et quelques femmes, les a formés, en a fait ses amis. Il leur a communiqué son Esprit, puis les a envoyés dans le monde. Voilà un chef qui sait déléguer et donner de la place à ses col- laborateurs. Quatre cents ans plus tard, l’Empire romain se convertissait au christianisme. Ah ! le feu de l’Esprit !

Bon, vous pouvez dire tout ce que vous voulez, mais pour finir, son plan a totalement échoué : après trente-trois ans à trimer en Palestine, à parler à des juifs ou à des païens qui ne voulaient pas l’écouter, il meurt comme un voyou sur une croix ! Ce n’est vraiment pas la religion des gagnants, le christianisme !

Oui, on peut rester avec l’image du Christ en croix, ce n’est pas spécialement joyeux ! Comme si l’amour était définitivement vaincu par la haine. Évidemment, la vie de Jésus ne s’arrête pas sur la croix. Si elle s’était arrêtée là, l’histoire du christianisme et de sa vivacité au long des siècles n’aurait même pas commencé. Mais voilà, Jésus a vaincu la mort. Le troisième jour, il est sorti de son tombeau, il est ressuscité. Tout com- mence là. Nous croyons désormais Jésus vivant, caché mais agissant au long de l’histoire et dans l’intimité des cœurs, nous inondant de son amour, jusqu’au jour où il reviendra pour juger les vivants et les morts.

 

Julien Durodié est prêtre du diocèse de Paris, vicaire sur la paroisse Notre-Dame de l’Assomption dans le 16e arrondissement.

POUR ALLER PLUS LOIN

Noëls des provinces de France

Nadine Cretin, Le Pérégrinateur, 2013, 140 p., 14,90 €

 

* Cette journaliste s’est toujours intéressée aux questions religieuses. Elle a lu la Bible. Elle pose sans complexe les questions que beaucoup n’osent pas poser.

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