« 99% des gens qui passent ici ne connaissent pas Jésus en arrivant. Notre objectif est de le faire connaître et laisser les merveilles de Dieu se faire ! » Rocamadour est le 2e lieu de tourisme en France en dehors des grandes villes, après le Mont-Saint-Michel.
PAR ANNE-CLAIRE DÉSAUTARD-FILLIOL
Dans la vallée de la Dordogne, au cœur de la beauté sauvage du Causse et du canyon de l’Alzou, se trouve un village construit à flan de falaises. C’est Rocamadour. Avec son architecture verticale, sa pierre claire et ses différents édifices qui se superposent, il fait penser à une citadelle. Une citadelle à l’histoire longue et passionnante. Dans ses grottes, des peintures témoignent d’une présence préhistorique.
Et la tradition raconte que plus tard, un ermite nommé saint Amadour serait venu s’y retirer plusieurs années. C’est à l’endroit où son corps a été exhumé que fut construit par la suite le Sanctuaire où l’on se rend en pèlerinage depuis 1000 ans. Après 216 marches, on y arrive. Ce village impressionnant attire 2 millions de personnes chaque année. Curiosité locale, découverte patrimoniale, ferveur spirituelle : le lieu ne laisse pas indifférent. Le père Florent, recteur du sanctuaire de Rocamadour dit même : « depuis très longtemps, le monde entier sait que si on prie Notre-Dame de Rocamadour, on sera exaucé. Comme on dit : ailleurs, on prie, on prie. A Rocamadour, on prie, on est exaucé ! »
Depuis le Ve siècle, on vient de partout vers ce nulle-part pour prier la Vierge Marie. Connue pour être la patronne des marins, elle compte plus de 150 chapelles et églises à son nom en remerciement de sauvetages, sur les côtes du monde entier. « Lorsqu’ils reviennent à Rocamadour pour déposer un ex-voto, les moines leur disent, comment savoir si c’est bien Notre Dame de Rocamadour qui vous exaucent et pas quelqu’un d’autre ? Ici, il y a un moyen imparable : nous avons une cloche miraculeuse datée du VIIe siècle en fer forgé avec un battant. Pas de ficelle pour la faire sonner. Pourtant elle sonne miraculeusement. Lorsque cela arrive, les moines notent la date et elle correspond à la date du sauvetage, les moines accueillent l’ex voto », poursuit le recteur Notre Dame de Rocamadour est également priée par les célibataires pour trouver l’âme sœur ou encore par les couples en désir d’enfant. Pierre-Henri de la Fage, directeur du sanctuaire en témoigne lui-même : « avec ma femme, nous n’avons pas eu d’enfant pendant 14 ans et avons prié Notre Dame de Rocamadour. Nous avons été exaucés, une petite fille est rapidement arrivée. Les très nombreux ex-voto qui arrivent encore en nombre au sanctuaire témoignent de la puissance de la prière en ces lieux ».
L’espérance ferme comme le roc
Au Moyen-Âge, des prisonniers devaient monter l’escalier du grand pardon pour expier leur crime. Des poids aux pieds et aux mains, ils montaient le grand escalier en priant et à genou. Parvenus en haut, leur peine était rachetée. « J’aime l’image du péché qui vous entraîne vers le bas alors que la prière vous allège. Quand on monte vers le haut, on est libéré de ses chaines, parallèle entre l’expérience physique et l’expérience humaine et spirituelle », poursuit Pierre-Henri de la Fage.
L’été, des jeunes bénévoles sont présents pour accueillir les touristes. Verre d’eau offert en haut des marches du grand escalier, SMS de Dieu, animations et visites culturelles et spirituelles : autant de démarches mises en place pour offrir au visiteur la grâce de rencontrer Marie ou Jésus au détour d’une prière. Au-delà des escaliers, une place impensable autour de laquelle sept chapelles ouvrent leurs portes aux pèlerins et touristes. L’obscurité de la chapelle de la Vierge noire est sombre. Invité au recueillement, la prière vient tout naturellement.
« Marie est à l’œuvre quand on lui fait confiance. Elle veut nous réenfanter dans la divinité ! L’enfant est modèle de foi, car quand il s’est fait mal, il court dans les bras de ses parents. Quand il fait une bêtise, il court dans les bras de ses parents. Quand on commence à grandir, on le fait moins, on met de la distance. On se met à calculer. Nous, on fait parfois pareil dans notre vie de foi. On s’éloigne, on calcule ! Alors que Marie, notre maman du ciel, nous attend quelle que soit notre vie et notre misère ». La devise du lieu est puissante comme ce village suspendu entre ciel et terre : « l’espérance ferme comme le roc ! »
