LA VIE EN BLEU

5 décembre 2022

06 Mer (1)

Voir la vie en bleu, ce n’est pas s’illusionner ! C’est avoir les yeux ouverts et puiser dans le goût de vivre de quoi illuminer les journées grises. La mer nous en fait la leçon.

PAR LAURENCE DEVILLAIRS – PROPOS RECUEILLIS PAR MAGALI MICHEL

Laurence Devillairs est agrégée et docteure en philosophie. Autrice de nombreux ouvrages, elle est passionnée par la mer depuis toujours.

Notre monde a besoin de sanctuaires, de lieux où l’homme est confronté à plus grand que soi : l’infini face à lui, et l’infini en lui aussi. La mer est ce sanctuaire. À nous de savoir, en silence et sans rien faire, en contempler la beauté et le sacré. La mer n’est pas un paysage. C’est une apparition. Cette chair bleue indomptée n’est en réalité…pas bleue du tout. C’est de l’eau et rien que de l’eau aussi transparente que celle que l’on verse dans un verre. Ce sont nos yeux qui n’y voient que du bleu. Le phénomène est optique. Sa couleur bleue, la  mer  la  tient  du  soleil  !  La  lumière  solaire  contient tout le spectre de l’arc-en-ciel. Mais les flots réfléchissent différemment ces teintes. Ils absorbent les grandes ondes, c’est-à-dire le rouge, le jaune et l’orange ; puis c’est le vert qui disparaît. Ne reste que le bleu. Que nous apprend cette chimie ? La mer fait du bleu ou du vert avec du blanc et on n’y voit que du feu. Elle se joue de la lumière du soleil, se magnifie. Pourquoi ne serions-nous pas, nous aussi, des artistes de notre vie ? Pourquoi ne chercherions-nous pas à en aviver la lumière ? Pour quelle raison se contenter du monochrome ? La vie cela s’embellit. Exister, ne suffit pas. Il nous revient d’enrichir, de mettre de la beauté là, où il n’y en a pas – ou pas toujours. On peut faire un paquet-cadeau d’un petit rien, sauver sa journée avec une chose nouvelle apprise, une idée joliment trouvée, un détail qui vaut le coup d’œil aperçu sur le chemin du bureau, un mot jamais entendu et retenu…Il y a toute une palette insoupçonnée de teintes à apporter. Donner du bleu à la vie : ne pas uniquement la dérouler, mais la pigmenter.

POÉTISER L’ORDINAIRE

Un rien peut tout changer. C’est apporter de la couleur  dans  le  monotone,  du  Pantone  dans  l’agenda. Donner à ce banal 4 décembre, à ce 1er janvier mal parti ou à ce 11 juin apathique leur lumière propre. Poétiser l’ordinaire. Il est bon de prendre le temps d’avoir les yeux grands ouverts. Parcourir  les  journées  en  touristes,  avides  de  beautés volées, d’instants rayonnants. Utopique ? Naïf ? Difficile de faire de la poésie avec les tracas, d’inventer de la magie avec les lundis de la vie. Difficile, oui. Mais il ne s’agit pas de tout ripoliner. Le bleu des plaisirs peut retenir quelque chose du sombre des peines. On peut retrouver la saveur du bonheur tout en gardant la mémoire du chagrin traversé. Le plus beau des bleus n’est-il pas l’outremer, ce bleu profond comme passé par le noir, et qui en conserve la gravité, comme une blessure secrète ? Voir la vie en bleu, ce n’est pas s’illusionner. C’est puiser dans le goût de vivre de quoi illuminer les journées grises.

La mer nous enseigne cet art des embellissements. Elle  absorbe  la  lumière  pour  la  transformer.  Comme les flots transfigurent le blanc en bleu, nous pouvons tenter de colorer nos jours. Sans chercher à tout prix à effacer les ombres, mais en choisissant ce qui vaut la peine d’être réfléchi. Car il y a aussi le rouge poison, le violacé des offenses subies. Au printemps 2020, le Pacifique est  devenu  rouge  carmin  en  plein  jour.  Ces  marées rouges à l’odeur insupportable de soufre étaient dues à la prolifération de microalgues toxiques, les dinoflagellés. La capacité à renvoyer la lumière, à la voir et à la préserver même dans la plus abîmée des journées, doit aussi faire avec ces pollutions. Tout le bleu que l’on peut avoir en soi n’en viendra pas à bout, mais on peut choisir d’accorder sa pleine attention à certaines lueurs plutôt qu’à d’autres. On peut refuser de se laisser gâcher par la laideur et préférer donner sa chance à la beauté.

3 BONNES PÊCHES

1. Allumer ses phares

A-t-on déjà vu un phare céder ? Nous portons tous en nous un espoir qui ne veut pas être déçu et qui ne cédera pas. Il peut parfois frémir sous les gifles du vent et sous les coups de l’océan, mais il ne se rend pas. Certaines nuits de nos vies peuvent assombrir nos espérances, presque les éteindre. Mais quelque part un feu guette, un phare lance ses appels. Et dessine pour nous une voie possible. Il nous revient de préserver l’espérance, de nous assurer de la constance de nos phares. Qu’on en fasse très sérieusement l’inventaire, qu’on note bien sur nos routes ces points fixes qui n’ont jamais failli ni trahi.

2. Nager comme un requin

Pour se maintenir en vie, le requin n’arrête pas de nager. Il ne respire que s’il reste en mouvement. Vivre en requin ce n’est pas n’avoir ni morale ni scrupule, c’est refuser la stagnation. Plus positive que la passivité consentie, il y a toujours la possibilité de se refaire, d’avancer et non de simplement continuer !

3. Regarder les vagues

L’océan a ses marées, la vie a ses hauts et ses bas. Il est préférable d’accompagner le mouvement plutôt que de s’y opposer. Toute vie a son tempo de marées, entre carences et renaissances, perte et abondance. Accueillir ce qui vient comme il vient. Ne pas vouloir s’épuiser à arrêter les marées, à tenter de changer ce qu’on ne changera pas, mais vouloir ce qui arrive de la manière dont il arrive. Naviguer sans faillir alors qu’on n’est pas maître des flots.

TÉMOIGNAGE: « SUR L’EAU, JE ME SENS EN LIEN DIRECT AVEC DIEU »

Mathieu, 36 ans, travaille sur un chantier naval. La mer, c’est pour lui un émerveillement, un résumé de la vie et un booster de prière.

« J’ai grandi près de la mer. Enfant, je passais trois semaines en bateau chaque vacances. J’ai toujours associé la mer au plaisir, aux moments heureux en famille. Naviguer, c’est partir dans un cocon qu’on trimballe au travers des éléments. On avance avec la nature non sans une part de risque et d’aventure qui réveille la vigilance. Sur l’eau, je me sens en lien direct avec Dieu et avec ce qu’il m’offre de plus beau mais aussi de difficile et de périlleux. Je me remets dans ses mains quand je me retrouve balloté par l’océan. Face à l’immensité, on se sent minuscule ! Chaque navigation est une profusion de moments de grâce. Le bateau me donne accès à des sites paradisiaques où j’ai juste envie de dire merci.

Le mouvement permanent, les couleurs de l’eau, les odeurs des dunes en fleurs quand on arrive sur les îles au printemps m’aident à trouver ma nouvelle place de père de famille, à vivre plus fort ma foi et à accomplir tout ce que Jésus attend de moi. Il en faut de l’énergie pour tout cela… et la mer me l’apporte. La mer crée en moi un bonheur profond et plein qui pourrait ressembler au paradis. Merci mon Dieu pour la mer et les voiliers qui nous permettent de la parcourir ! »

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