Une nuit, ce paroissien entend distinctement une voix : « C’est maintenant ». Guidé par son intuition, il se précipite à la paroisse au lever du jour. Creusant sous un autel croulant qu’il avait étayé quelques semaines plus tôt, il va faire une extraordinaire découverte.
Enfouie sous un autel puis oubliée depuis des dizaines d’années la Pietà attendait son heure pour offrir aux regards les teintes douces de ces couleurs et le modelé de ses visages. Pierre Houcke, membre actif de la paroisse de Chepoix, avait bien constaté l’affaissement de l’autel de la Vierge de la petite église et entrepris de le restaurer. La voix qui le tirera des songes fera le reste. En se penchant dessous, l’appel intérieur se fait entendre à nouveau distinctement « Va doucement ». Avec un ami, ils vont tirer le gros bloc de pierre de la terre et des gravats où il gisait depuis si longtemps. Absente des registres de l’église, elle a dû être dissimulée à veille de la Révolution. Le maire de la commune, aussitôt averti, demande à tous ceux qui sont dans la confidence de ne pas ébruiter l’affaire, faute de pouvoir assurer la protection de la précieuse découverte.
Motif traditionnel de l’iconographie et de la statuaire chrétienne, la Pietà figure la sainte Vierge recevant dans ses bras le corps supplicié de son fils Jésus, descendu de la Croix. La Mère de Dieu, vêtue de bleue et drapée d’un manteau de pourpre, est ici encadrée de saint Jean portant un calice et de Marie-Madeleine aux longs cheveux d’or. Les sujets sont caractéristiques de la tradition sculpturale picarde : visages ovales et les mains allongées (selon la sagesse des personnages). Datant de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, la statue de pierre polychrome est à présent en lieu sûr dans les réserves du musée archéologique de l’Oise à Vendeuil-Caply. Une fois analysée et restaurée, elle devrait retrouver une place bien sécurisée à Chepoix.