Jésus est-il vraiment Dieu ?

3 octobre 2010

père Descouvemont

Controverse. Depuis plus de deux mille ans, le personnage de Jésus de Nazareth intrigue, dérange, irrite ou passionne. Pour les chrétiens, il est le Fils de Dieu, ressuscité d’entre les morts. Pour d’autres, il est un mythe, un prophète ou un imposteur.

Débat entre Hélène et l’Abbé Pierre Descouvemont

« Les hôpitaux psychiatriques sont remplis de gens qui se prennent pour Dieu !  »

1 Avant de prétendre que Jésus soit Dieu, encore faut-il qu’il ait réellement existé. Qui nous dit que ce n’est pas un personnage fictif, inventé de toutes pièces par ceux qui ont écrit les Évangiles ?

Aujourd’hui, aucun historien sérieux ne défend l’idée que Jésus ait été un personnage mythologique. Nous avons beaucoup de preuves de son existence. Elles ne viennent pas seulement des Évangiles ou d’autres écrits chrétiens, mais de sources non chrétiennes, par exemple des historiens romains Tacite et Suétone.

2 Pour moi, les miracles rapportés dans les Évangiles sont des fables inventées pour faire croire à la divinité de Jésus.

C’est une question fondamentale que je me suis posée avant d’entrer au séminaire : «  Le Jésus auquel j’ai envie de donner ma vie, un Jésus merveilleux, ressuscité d’entre les morts, a-t-il existé tel qu’il est décrit dans les Évangiles? » J’ai repéré dans les Évangiles de nombreux indices de la sincérité avec laquelle les disciples de Jésus parlent de leur maître. On le voit s’étonner de l’incrédulité des gens de Nazareth quand il commence à annoncer son message : il ne s’attendait pas à être si mal accueilli. Quand l’heure de sa Passion se fait toute proche, il est envahi par la peur – une attitude qui, à l’époque, ne devait jamais exister chez un homme digne de ce nom, a fortiori chez un être qui se prétendait être Dieu. C’est vraiment le signe qu’ils ne trichent pas, qu’ils rapportent les paroles et les gestes de Jésus tels quels.
Quant aux miracles, je ne vois pas pourquoi Jésus n’en aurait pas fait, alors qu’aujourd’hui encore il s’en produit parfois lorsque des chrétiens lui demandent de tout leur cœur de guérir un malade. L’existence bien attestée de ces miracles contemporains me permet de considérer comme tout à fait vraisemblables les miracles que nous rapportent les Évangiles et qui expliquent l’enthousiasme que Jésus a suscité sur son passage.

3 Admettons que Jésus ait été un thaumaturge. Admettons même, pourquoi pas, qu’il ait été un prophète particulièrement doué. Mais une chose est certaine : lui-même n’a jamais prétendu être Dieu.

C’est vrai. Jésus n’a jamais prononcé ces trois mots les uns à la suite des autres : « Je suis Dieu. » Mais bien des aspects de ses affirmations et de son comportement ont amené ses disciples à penser qu’il se considérait comme tel et qu’il l’était. Il se présente comme la véritable « Eau vive », seule capable de désaltérer la soif des hommes, comme le véritable « Temple de Dieu », comme celui qui reviendra à la fin des temps juger tous les hommes en disant à chacun : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’étais en prison et vous êtres venu me voir ! » Il s’attribue le pouvoir de pardonner lui-même les péchés et il ose dire à ses contradicteurs : « Avant qu’Abraham fût, JE SUIS ! » On comprend qu’on ait fini par arrêter ce “ blasphémateur ” et par le condamner à mort. C’est d’ailleurs la réaction qu’ont encore aujourd’hui les futurs rabbins, lorsqu’à l’École hébraïque de Jérusalem ils se mettent à lire les Évangiles et à regarder la façon dont les juifs de l’époque ont traité Jésus : « Ils l’ont laissé courir trois ans sans l’arrêter : il a eu de la chance ! »

4 Admettons que Jésus ait prétendu être Dieu. Mais ce n’est pas parce qu’il croyait, peut-être sincèrement, être Dieu, qu’il l’était réellement. Les hôpitaux psychiatriques sont remplis de gens qui se prennent pour Dieu !

Personne ne peut dire sérieusement que Jésus présente les symptômes d’une aliénation mentale, qu’on aurait dû l’enfermer dans un asile. Les milliards de personnes qui se sont mises à son école depuis vingt siècles reconnaissent sans peine toute la sagesse qui émane de sa personne et de son enseignement. Il reste encore aujourd’hui un exemple d’homme parfaitement équilibré et plein d’amour.

5 Avouez quand même que la foi que vous professez en un Dieu qui s’est fait homme a quelque chose d’inconvenant. Vous croyez vraiment, par exemple, que Dieu est allé aux toilettes ?

Parfaitement ! D’ailleurs, dès les débuts de la prédication évangélique, pas mal de chrétiens n’ont pas osé croire que Jésus ait pu avoir un corps comme le leur. Il aurait fait semblant d’avoir un corps, mais ce n’aurait pas été un vrai corps humain. D’où le nom de docétisme (du verbe grec dokein, qui signifie faire semblant ) donné à leur interprétation des Évangiles. Le Fils de Dieu aurait revêtu un corps d’emprunt pour parler aux hommes, mais il n’aurait eu qu’un désir : s’en débarrasser au plus vite. C’est pour lutter contre cette idée que, dans ses lettres, l’apôtre Jean, qui était le seul disciple au pied de la croix du Christ, insiste tant sur le fait que le Fils de Dieu est vraiment venu « dans la chair » et que, dans son Évangile, il affirme avoir vu de ses propres yeux du sang et de l’eau couler du côté transpercé de Jésus.

6  Mais pour quelle raison Dieu serait-il venu habiter parmi nous ? Cela n’a aucun sens.

Le Christ est venu révéler aux hommes le vrai visage de Dieu. Étant le Fils du Père, il a pu nous confier les secrets de la vie intime de Dieu : un échange inouï d’amour entre les trois personnes de la Trinité. Il est venu aussi nous sauver de la mort et du péché, dans lesquels nous étions enfermés. Comment ? En donnant sa vie pour chacun de nous sur la croix, par amour, et en ressuscitant.

7 S’il avait été vraiment Dieu, les juifs auraient cru en lui à l’époque. Or, même du temps de Jésus, les gens n’y ont pas cru ! Je ne vois pas pourquoi j’y croirais deux mille ans plus tard…

Les apôtres eux-mêmes ont mis du temps à réaliser que le Jésus qu’ils avaient vu manger, entendu ronfler dans le fond de la barque, était bel et bien le Fils du Père, au sens fort du mot. C’est seulement après l’événement extraordinaire de sa résurrection qu’ils y ont cru tout de bon et qu’ils se sont mis à proclamer haut et clair qu’il était Kyrios – le mot grec qui signifie Seigneur et qui traduit le mot hébreu Yahvé, réservé à Dieu. L’on comprend que les juifs aient eu du mal à reconnaître le Messie et – qui plus est – le Fils de Dieu, chez un homme qui avait terminé sa vie sur une croix ! Heureux ceux qui ont osé y croire sur le témoignage des apôtres : ils sont nos ancêtres dans la foi.
Quant à nous, il me semble qu’il est plus facile d’y croire. Je pense à tous les miracles étonnants qui se produisent encore aujourd’hui. Je pense aussi à ces hommes et ces femmes qui, depuis vingt siècles, ont montré par le témoignage de leur vie que Jésus était vraiment le Dieu vivant, capable de transformer de l’intérieur des êtres souvent blessés par la vie mais qui ont eu l’audace de se livrer entièrement à lui.

Pierre Descouvemont

Il a été professeur de philosophie à Douai pendant des années et aumônier des équipes Notre-Dame. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, notamment sur Thérèse de Lisieux et les paradoxes de la foi chrétienne. Il anime des retraites toute l’année.

Hélène

À 45 ans, cette mère de trois enfants est documentaliste dans un lycée public. Elle n’est pas chrétienne, mais le personnage du Christ l’intrigue et la dérange.

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