GÉRER LES TENSIONS LORS DES RETROUVAILLES FAMILIALES

26 novembre 2025

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Noël est le lieu de la joie des retrouvailles et de la fête. Malheureusement, c’est aussi parfois l’occasion de tensions, d’agacement et de disputes difficiles à éviter quand des caractères ou des idées opposées se rencontrent. Quel comportement devons-nous adopter, lors de ces réunions familiales, pour mettre de côté nos différends et vivre ensemble un moment heureux ? Discussion avec le Père Martin-Prével, spécialiste des relations conjugales et familiales.

PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE LEMAIRE

Les retrouvailles familiales sont un vrai paradoxe : on est content d’y participer mais on appréhende toujours un peu la manière dont elles vont se dérouler.  D’où vient cette méfiance selon vous ?

D’abord, il faut avoir à l’esprit que les retrouvailles se passent très bien dans beaucoup de familles. Ensuite, on trouve chez certains de la méfiance tout simplement parce qu’il y a une possibilité de conflit. Il arrive que des incompréhensions se dévoilent, que des souvenirs douloureux de blessures familiales soient réactivés. Quand on ne s’est pas réconcilié, on n’a pas envie de retrouver les gens avec qui on s’est disputé.

La fête de Noël est souvent un prétexte. En réalité, le moteur des retrouvailles, c’est la famille, la joie de revoir certains, et peut-être un désir de se réconcilier. Souvent, on a passé de nombreuses années ensemble durant l’enfance ou l’adolescence. C’est cette mémoire qui s’agite en nous. D’ailleurs, la famille reste, à 90% dans les sondages, le lieu où l’on peut être heureux et vivre de belles choses.

Si chacun fait un effort pour supporter les différences et les divergences, tout devrait bien se passer. Mais être en permanence dans le contrôle n’est pas agréable, alors comment profiter quand même du moment sans s’effacer ?

Il faut d’abord être soi-même, ne pas jouer un rôle. Ensuite, on peut essayer de ne pas s’imposer aux autres. C’est un excellent exercice de fraternité. N’oublions pas qu’on ne se retrouve pas uniquement entre frères et sœurs. On retrouve aussi souvent les autres générations, les parents et les grands-parents. Ce sont eux qui nous rassemblent, et qui donnent ce principe d’unité très important. On est là avant tout pour leur faire plaisir. Cela peut nous pousser à mettre un peu en sourdine des discussions qu’on aimerait avoir et qui risquent d’être orageuses.

Il ne s’agit pas de s’effacer mais de vivre l’amour familial, qui se compose de petits actes. On peut se faire des sourires, s’encourager, ne pas toujours parler mais s’écouter les uns les autres, se manifester de la tendresse… On peut aussi veiller à l’attention qu’on porte aux autres et à leurs réactions à nos propres paroles. Écouter quelqu’un permet de le découvrir plus en profondeur. On ne peut pas réduire quelqu’un à quelques mots ou à quelques idées !

Quand quelque chose coince, faut-il être honnête et prendre le risque de «  plomber l’ambiance » ou bien se taire et subir ?

On n’est pas dans une joute. L’objectif n’est pas de vaincre ou convaincre. Évitons les sujets de politique ou de religion et les questions sociétales. Et taisons-nous quand l’autre développe une théorie qui ne nous plait pas. On a un autre absolu au-dessus : construire notre famille.

Quand un membre de la famille est un peu différent, et a des idées divergentes, il est plus difficile de faire l’unité. Pourtant, c’est une richesse ! Il faut faire droit à celui qui nous ressemble le moins pour qu’il ait la même place que les autres. C’est là que la notion de charité prend son sens, c’est l’amour au sens fraternel du terme. Et c’est là que les parents et grands-parents sont très importants. Ils ont la possibilité de corriger des attitudes, de reprendre en aparté des comportements qui sont particulièrement difficiles à vivre pour les autres. Gardons à l’esprit une chose : on vient à une réunion de famille parce qu’on l’attend, et qu’on en attend quelque chose. Le fait que chacun ait fait l’effort de venir doit être honoré par tous.

Et quand les émotions prennent le dessus, qu’on a envie de s’énerver, comment se calmer et éviter d’aller à la confrontation ?

La colère vient des agacements et des différences qu’on ne supporte pas. C’est une bonne énergie – déclenchée par le sentiment d’injustice – qui est très mal employée. Elle finit forcément par faire des dégâts. Pour l’éviter, il faut fuir l’objet de notre colère, donc fuir la situation. Changer de pièce, sortir prendre l’air… et tout finira par se calmer. On est vainqueur de sa colère quand on la maîtrise et qu’on la met de côté. Il ne s’agit pas de la nier, mais bien de la remettre à plus tard, ou de la régler personnellement, sans se servir des autres.

Quelques conseils de choses à dire ou à faire pour mettre la joie autour de nous ?

Lors d’une fête comme celle de Noël, c’est la joie qui est attendue, car elle est liée au rite de la naissance de Jésus. Donc met-tons nos antagonismes de côté. Ce qui fait beaucoup de bien en famille, c’est l’humour. Soyons drôles ! Mais attention, car l’humour peut tout doucement glisser vers l’ironie. L’ironie revient à rire de l’un de nous pour amuser le reste de la galerie. C’est un ferment de division et ça fait beaucoup de mal. La joie vient aussi souvent des jeux. On a joué enfants et adolescents ensemble, eh bien jouons de nouveau, entre générations cette fois. Je conseille aussi d’éviter les écrans, qui développent l’indifférence et l’évitement. Ou alors regardons un film tous ensemble.

 Que peut-on demander à Dieu dans notre prière pour passer de bons moments lors des retrouvailles en famille ?

On peut lui demander l’art de bien se disputer (rires). Une famille n’est pas un endroit où il n’y a pas de disputes, c’est un endroit où on sait se disputer, où on arrive à retrouver directement le chemin du cœur de l’autre, sans s’attarder sur ce qui a été désagréable.

On peut aussi Lui demander de remplir notre cœur de bienveillance. Qu’Il nous pousse à veiller au bien. En famille, on retire du bien-être du fait de se savoir en union et en paix avec les autres. C’est notamment parce qu’on s’est réconcilié qu’on retrouve la paix. La paix est un travail dont nous sommes les artisans. Demandons là aussi à Dieu. Et puis cherchons la patience, qui n’est rien d’autre que l’amour. Saint Paul le dit dans sa lettre aux Corinthiens : « l’amour prend patience ». Si nous vivons dans une famille qui a la foi, prenons le temps de dire ensemble un « Notre Père » ou un « Je vous salue Marie ».

 

LE PÈRE MICHEL MARTIN-PRÉVEL est membre de la communauté des Béatitudes depuis 1981. Veuf après trente-deux ans de mariage, et père de trois enfants, il a été ordonné prêtre en 2009. Il exerce un ministère d’accompagnement auprès de couples en difficulté et de divorcés. Il a publié de nombreux livres aux éditions des Béatitudes, dont Divorcés, aimer encore ou Sacrée famille !

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