AMITIE HOMME/FEMME ÇA PASSE OU ÇA CASSE ?

19 février 2025

lili

L’amitié est une belle aventure, tant que ça ne vire pas au casse-tête!

LE DÉBAT ENTRE LILI SANS-GÊNE ET PIERRE MELLOT

Lili Sans-Gêne : Au fond, l’amitié homme/femme ça crée toujours des problèmes. Pourquoi ne pas res­ter entre femmes ou entre hommes ? Ça apporte vraiment quelque chose en plus ?

Pierre Mellot : Ce n’est pas compliqué, c’est beau et riche ! Nous avons parfois tendance à abor­der ces relations comme un problème à gérer, alors qu’il s’agit d’abord d’un cadeau. Un auteur parlait « d’harmonie entre les sexes ». J’aime bien cette image ! Dans une relation avec une personne de l’autre sexe, même amicale, quelque chose résonne différemment en moi, et aussi dans ce que l’autre me renvoie. Qui n’a pas goûté à cette harmonie manque quelque chose sur lui-même et sur la vie humaine ! Une ouverture, une liberté, une altérité.

On a souvent peur d’en faire trop et quand les sen­timents s’invitent ça risque de tout gâcher… com­ment faire ?

L’enjeu essentiel des relations, c’est d’être soi-même. Le premier obstacle à cela, c’est souvent nous-mêmes. Nous portons toutes sortes de masques. Masque de séduction, pour tenter d’attirer l’autre à moi, de capter son attention, son affection. Masque qui me barricade, qui refuse toute implication par peur de ce qui pourrait advenir, ou par peur de res­sentir cette harmonie justement. A mon avis, l’un comme l’autre sont des manques de liberté qui nous empêchent d’être heureux.

Plutôt que de se regarder le nombril en se deman­dant ce que l’autre va penser de moi, comment il me traite, renversons les choses. Demandons-nous comment nous, nous traitons l’autre. Est-ce que je cherche à l’utiliser ? A le « capter », pour ce que sa présence, son affection, sa confiance… ont de gra­tifiant ou de valorisant pour moi ?

Il s’agit d’être vrai, authentique, de ne pas jouer avec l’autre. Être en vérité, c’est aussi traiter une amitié comme une amitié, et une relation amoureuse comme une relation amoureuse. Les ennuis com­mencent quand on se met dans le flou de « la zone chelou au milieu » ! Si avec une amie je me comporte à moitié comme ami et à moitié comme amant, on ne peut plus être libre et en vérité, et c’est la porte ouverte à la captation !

Ohlala… On ne peut pas aborder ça tranquille­ment sans se prendre la tête ?

Cette vigilance – à ne pas capter l’autre, à ne pas « jouer » avec lui – ça ne consiste pas à se prendre la tête ou à se poser des questions métaphysiques ! C’est plutôt une façon d’être présent à l’autre. J’agis en ayant conscience que nous sommes amis et pas amants, ou amants et pas seulement amis. Je res­pecte et prends en compte ta différence, et la qualité de notre relation.

Comment peut-on vivre l’amitié pour l’amitié, en la laissant ouverte à l’amour amoureux, mais sans l’y destiner a priori ?

J’aime cette question, parce qu’elle reconnait qu’il y a toujours une ouverture ! On ne peut jamais dire « tout est clair entre nous, on ne sera jamais qu’amis ». Personne ne peut prédire comment lui-même évoluera, quels émotions et désirs surgiront. A mon avis, c’est un premier piège à éviter.

Le tout est d’être libre, vrai. Si je vis mon amitié comme une amitié – pas un entre-deux flou – tout en ayant conscience qu’une évolution est toujours possible, je pars déjà sur de bonnes bases ! La rela­tion peut évoluer un jour vers autre chose, mais ce sera alors parce que je le choisis consciemment, pas parce que je me laisse glisser vers le flou ! Bien sûr il y aura une phase d’entre-deux, mais ce ne sera pas un flou, ce sera un « plus ».

Honnêtement, il y a plein d’hommes avec qui je pourrais potentiellement me marier ou être en couple. Qu’est-ce qui doit me décider à me lancer ou, au contraire, à rester seulement amis ?

Bien sûr que je pourrais être en couple avec beau­coup de personnes différentes ! Et c’est une bonne nouvelle : nous sommes faits pour l’amour ! Main­tenant, l’amour authentique n’est pas qu’une inclination ou une émotion : il se choisit, engage ma volonté. Si je vois que mes sentiments envers une personne évoluent, il me faut commencer par le reconnaître. Puis je me demande : qu’est-ce que je veux en faire ? Suis-je disponible ? L’autre l’est-il ? Me fait-il grandir en liberté et en joie, devenir une meilleure version de moi-même ? C’est le moment de faire entrer en jeu ma raison. Pour que nous puissions construire quelque chose de durable et profond ensemble, avons-nous en commun les fondements de notre vie (vision de la vie et de l’amour, aspirations profondes, reli­gion…)? Ici un conseiller sage et impartial peut nous aider : il est difficile de prendre de grandes décisions seul !

Moi, je connais des gens que j’ai aimés, amicale­ment ou amoureusement, qui m’ont blessée, qui ne m’ont pas rendu mon amour à hauteur de ce j’avais donné. Comment se rendre compte s’il y a un déséquilibre dans une relation ?

D’abord en chassant mes propres déséquilibres ! Dans une relation équilibrée, nous sommes capables d’être proches sans mettre la main sur l’autre – déci­der ce qu’il doit faire ou penser, en faire un moyen de confort affectif ou de gratification. Pour cela, le mieux est de commencer par être attentif à mes propres tendances à l’appropriation et à la manipu­lation, et ainsi d’être conscient de notre responsa­bilité commune.

Nous avons des attentes légitimes de respect, d’at­tention, d’écoute… En focalisant sur nos attentes, nous avons vite fait de faire un cahier des charges de la façon dont ces attentes doivent être remplies : « je veux qu’il fasse ceci et cela pour moi ». Nous focalisons sur nous, plutôt que sur ce qui nous est donné. Renversons la vapeur ! Demandons-nous : comment cette personne me montre-t-elle son affection ? Peut-être pas de la façon que je projetais – mais cela n’en fait pas un don moins authentique. La focalisation sur nous-mêmes nous empêche de recevoir l’amour qui nous est donné !

Lorsque je suis blessé par l’autre parce qu’il y a une tentative de mettre la main sur moi, de s’immiscer dans mon intimité, de manipuler mes décisions, il est évidemment essentiel de mettre de la distance.

On entend souvent parler de couples histo­riques qui ont fait de grandes choses ensemble, mais de simples amis homme/femme ensemble, ça n’a jamais déplacé des mon­tagnes si ?

De « simples amis », peut-être… Mais quand cette amitié se double d’un enracinement dans l’amour de Jésus, c’est autre chose ! L’Eglise connait de nom­breux exemples d’amis ayant vécu et accompli des choses étonnantes ensemble ! Claire et François d’Assise, Thérèse d’Avila et Jean de la Croix, Hans Urs von Balthasar et Adrienne von Speyr… C’est un autre beau cadeau que nous fait la foi en Jésus.

Et quand on est en couple, c’est un peu risqué d’entretenir une autre amitié homme/femme assez forte non ?

L’amitié est toujours belle ! Une juste proximité constitue le garant de tout débordement. Qui suis-je par rapport à cette personne et étant cela, quel comportement est juste?

La Bible nous dit, dans le livre de la Genèse, « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ». C’est clair et défi­nitif. Cela ne vise pas seulement la vie conjugale, mais la complémentarité des sexes dans la vie de l’humanité. L’homme et la femme sont créés comme « aides vis-à-vis ». C’est un immense cadeau. Pre­nons-en soin !

 

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