Née dans un pays d’une autre religion, Marie ne connaissait pas le christianisme. C’est un événement historique dramatique qui a ouvert en elle la porte à de nombreuses questions.
Tout a commencé le 13 mai 1981. Ce jour-là, un homme a essayé de tuer le pape Jean-Paul II. Ce qui m’a profondé- ment impressionnée, c’est que le pape a pardonné à celui qui avait voulu l’assassiner. Humainement, cela me paraissait impossible. Je me disais: «Ce n’est pas possible qu’un homme puisse pardoner une telle chose, sans l’aide de Dieu… » Puis, plus tard, par hasard, en écoutant la radio, j’ai entendu cette phrase de la prière du Notre Père: «Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » J’ai voulu savoir comment on peut parvenir à cette humilité: pardonner gratuitement, sans rien attendre en retour. Comment réussir à pardonner sincèrement, du fond du coeur? Alors, je suis entrée dans une église. Puis, peu à peu, j’ai eu envie de revenir chaque semaine. Au début, c’était de la curiosité. Je me tenais tout au fond, sur la pointe des pieds, espérant ne déranger personne. Je ne me sentais pas «chez moi». J’observais les gestes que faisaient les membres de l’assemblée, pendant la messe, j’écoutais les paroles qu’ils prononçaient, j’essayais de faire comme eux. Mon mari, qui avait pourtant été baptisé catholique, ne m’accompagnait pas à la messe. En revanche, il respectait ma démarche et ne me faisait jamais aucun reproche. Et quand je revenais à la maison après la messe, le repas était prêt! Progressivement je me suis sentie devenir membre de la communauté des chrétiens. Pourtant, je n’étais toujours pas baptisée. Mes amis chrétiens, me respectant dans ma différence, avaient compris qu’il fallait me laisser avancer à mon rythme. Et pendant sept ans, ils m’ont ouvert leur porte, leurs bras et offert leur amitié. C’est ainsi que j’ai pu mûrir doucement ma décision. Ils ont su aussi me faire confiance. Ainsi, un dimanche, j’ai croisé une amie sur le marché et elle m’a demandé de venir aider à l’aumônerie des établissements de l’enseignement public. En plus de ces personnes formidables, rencontrées pendant ce long chemin, j’ai eu la joie de pouvoir discuter avec l’évêque de mon diocèse, qui a répondu avec une grande bonté à toutes mes interrogations. Tout était clair. J’étais donc prête à demander le baptême. Mon entrée en catéchuménat était fixée au 24 novembre. Mais le pape François a choisi la date du 23 novembre pour inviter à Rome les catéchumènes du monde entier! Il y a eu un tirage au sort et, dans mon diocèse, c’est moi qui ai été choisie pour répondre à son invitation! Je suis donc allée à Rome. Et je suis entrée dans la basilique Saint-Pierre, au Vatican, en procession parmi tous les catechumènes. Nous précédions le pape. Tout en avançant avec les autres vers l’autel de saint Pierre, je me sentais comme une enfant gâtée par Dieu. J’ai été baptisée à la veillée de Pâques, et j’ai reçu le sacrement de la confirmation la veille de la Pentecôte. Et aujourd’hui, je vis dans la joie de cette rencontre avec Jésus, qui a totalement bouleversé ma vie. Mon mari, de son côté, a accepté de m’accompagner lors d’un pèlerinage en Terre Sainte. Il a redécouvert la foi de son baptême, et c’est ensemble, désormais, que nous participons à la messe, pour notre plus grande joie.