Marcher vers Rome depuis Nantes, c’est possible !
PAR ANTOINE LEMAIRE
C’est l’histoire touchante d’un couple, Anne-Laure Timmel et Anthony Grouard, marcheurs infatigables, randonneurs passionnés, pèlerins convertis. Depuis des dizaines d’années, ils écument les sentiers de France et d’Europe. Ces amoureux de la marche aiment l’idée de partir pour une destination connue… depuis la maison ! En 2020, ils créent l’association Haltes Pèlerines 44, qui regroupe les chemins de pèlerinages au départ de la Loire-Atlantique à destination du Mont-Saint-Michel, Saint-Jacques-de-Compostelle et Saint-Philbert-de-Grand-Lieu. Peu après, ils ont l’idée de créer un chemin de pèlerinage à destination de Rome qui partirait de chez eux, c’est-à-dire Nantes. Ils composent donc un itinéraire qui traverse la France à l’horizontale et rejoint, à Bucey-les-Gy, la célèbre Via Francigena, pour descendre ensuite vers Rome. La Via Ligeria est née. Avec ce symbole plein de sens : « de Saint-Pierre de Nantes à Saint-Pierre de Rome ».
Pour suivre ce tracé, le pèlerin doit contacter l’association, qui lui délivrera un « passeport du pèlerin vers Rome », appelé Credenziale, qu’il devra ensuite faire tamponner dans les mairies, offices de tourisme des villes traversées. L’itinéraire n’est pas balisé partout, mais des traces GPX sont disponibles et consultables sur téléphone quand le chemin à prendre devient incertain.
La Via Ligeria casse les codes tout au long de son tracé. Dès le départ, le pèlerin marche vers l’est, là où le soleil se lève. Il suit la Loire, et ses matins de printemps magnifiques, passe sous la dernière arche de Chenonceau, celle opposée au château, emprunte le chemin de Compostelle à l’envers en arrivant à Vézelay. A cet endroit, « la merveille de pierre qu’est la basilique vous accueille dans son cœur baigné de Lumière », raconte un pèlerin. Suivent les petites cités d’intérêt du Cher, les régions viticoles, des villages troglodytes, et toujours cette question qui revient : « mais pourquoi allez-vous à l’envers ? », « parce que nous n’allons pas, cher ami, à Saint-Jacques, mais bien à Saint-Pierre ! » Et quand la Via Ligeria rejoint le célèbre Francigena, le spectacle touche l’âme et le cœur. La première vue du Lac Léman, le Col du Grand Saint-Bernard, la Toscane et ses pins solitaires, tout surprend ! A l’arrivée, Saint-Pierre est bien là. Et au loin, encore plus loin, une nouvelle destination apparaît. Car, « marcher vers l’Est, c’est déjà un peu marcher vers l’Orient »