Nature et poésie ou quand la Création rejoint l’âme des artistes

PAR FRANÇOIS-XAVIER VERGER ARTISTE BOTANOPHILE GABRIELLE DE LAS

Quelle artiste êtes-vous ?

Pour moi, il n’y a pas d’art sans poésie. La poésie des mots s’incarne ensuite pleinement dans la nature qui demeure mère de mon inspiration. C’est pourquoi j’aime également me définir comme artiste « botanophile », en unissant mon goût pour la botanique à ma prédilection pour l’esthétique des formes.

Quelle est la place de l’art dans votre vie ?

Il ne peut y avoir de vie sans art à mon sens. Les deux sont intimement liés et sont inséparables d’une recherche de beauté et de grâce permanente sans quoi nous perdons les « phares » de notre existence comme le décrit si bien Baudelaire dans son poème Les Phares. Je reste persuadée que le corps et l’âme sont créés pour la lumière et non pour les ténèbres. C’est en préférant toujours la lumière aux obscurités que le chaos peut s’ordonner même si le chaos peut avoir également sa part de lumière : le thème de la crucifixion en demeure un exemple ultime mais également la nature à la fois destructrice et constructrice. Finalement, l’artiste est cet être en perpétuel oscillement entre le chaos et la grâce.

Vous réactivez une forme presqu’oubliée, le cyanotype, qu’est-ce que cette technique vous permet d’exprimer ?

Revenir aux origines de la photographie à travers le choix de la technique ancienne du cyanotype me permet d’unir l’héritage du temps à la modernité de notre époque. C ’est un procédé qui révèle la beauté de l’empreinte des végétaux sous la forme de photogrammes bleus et blancs d’un graphisme saisissant. L’intérêt de cette photographie est de travailler avec les quatre éléments : terre, soleil, eau, air. Ce qui est particulièrement mystique !

Vous vous êtes investie dans la promotion de la rose Notre Dame de Paris, considérez-vous que les fleurs sont des arts d’art ? Qui les crée ?

J’ai eu l’honneur d’avoir été choisie en mai 2023 comme marraine de la Rose Notre-Dame de Paris aux côtés d’Aveline Gaujard, obtentrice de roses, avec pour parrain M. Jean Michel Leniaud, président de la société des amis de Notre-Dame de Paris et M. Fabrice Parsy dont la famille a mécéné l’obtention de cette rose. Le plus émouvant est que l’intuition de cette rose est née dans un Carmel français. Il s’agit d’une « cathédrale florale » à laquelle chacun a participé à sa façon.

Les fleurs sont évidemment des œuvres d’art vivantes dont la contemplation suscite la créativité. Il n’est de peintre, d’architecte, de poète, d’artiste ou d’écrivain qui n’aient été touchés par une fleur : songeons à la rose de Saint-Exupéry, aux études botaniques de Viollet-le-Duc pour les projets d’ornements de Notre-Dame, au poème La Rose et le Réséda de Louis Aragon ou aux Iris de Van Gogh…