Quelle éducation pour quel enfant ?

17 mars 2014

quelle éducation pour quel enfant ?

Éduquer, c’est prendre conscience que l’enfant est un être unique. Les parents doivent l’aider à grandir en lui donnant des clés pour devenir autonome et libre. Comment faire pour adapter l’éducation à chaque enfant ?

Par Marie-Anne Morin

Il est bon pour des parents de s’interroger sur la spécificité de chaque enfant : sa personnalité, son tempérament, sa place dans la fratrie et dans la famille, pour ensuite se demander si le système d’éducation que nous appliquons convient à cet enfant en particulier. L’idée étant d’essayer d’« inventer » un type d’éducation pour chaque enfant qui lui convienne au mieux, afin que cette éducation ne soit pas figée mais puisse s’adapter à son devenir. Cela ne veut pas dire tomber dans un trop grand laxisme, qui serait vécu par l’enfant comme un abandon ; l’enfant a infiniment besoin d’être accompagné par un adulte. Cette façon de considérer l’éducation implique plusieurs choses. D’abord, une remise en cause de nous parents et de notre système d’éducation : quels sont nos principes d’éducation ? Puis, de se poser la question de savoir si ce système que l’on applique convient de la même manière à chacun de nos enfants. Enfin, cela implique de pouvoir considérer chaque enfant individuellement, en nous interrogeant sur son désir, son besoin, qui n’est pas le même que celui de son frère ou de sa sœur, qui ne s’exprime pas de la même manière, et ceci en fonction de sa personnalité et de sa place dans la famille. Il n’est pas rare qu’une façon de faire avec un enfant fonctionne pour lui, mais pas pour son frère ou sa sœur. Cette constatation remet en cause, pour nous parents, notre système éducatif et nous met en difficulté. Lorsque nous parlons d’éducation, nous ne parlons pas de perfection.

Quelle est sa place ?

La notion de place est très importante. Il est important de rappeler tout d’abord que nous, parents, ne sommes pas les mêmes avec chaque enfant ; nous évoluons, nous apprenons, nous ne faisons pas les mêmes erreurs avec le troisième qu’avec le premier, nous en faisons d’autres, etc. ; mais aussi de préciser, qu’à l’inverse, aucun enfant n’a les mêmes parents : la relation que j’ai, moi enfant, avec maman n’a rien à voir avec celle que mon frère ou ma sœur plus âgé ou plus petit peut avoir. Il faut accepter de ne pas être le même parent pour ses enfants, et accepter de lâcher cette envie d’« égalité », derrière laquelle se cachent souvent une rigidité et un certain contrôle. En reconnaissant que je ne suis pas le même parent pour chacun de mes enfants, je reconnais que chaque enfant est différent et je fais exister son intériorité, sa façon intime de vivre les choses, à laquelle je m’adapte pour entrer en relation avec lui. La deuxième chose qu’il me paraît aussi fondamental de rappeler, c’est la question des places dans la fratrie. Aucune place n’est plus propice qu’une autre pour la construction de soi. Chacune oblige à faire face à des difficultés spécifiques. C’est pour cela qu’il semble important d’adopter un système éducatif qui la prenne en compte.

A l’écoute de ses besoins 

Comment savoir quelle éducation donner à quel enfant ? Il s’agirait d’arriver à être suffisamment à l’écoute des besoins qu’implique la place de l’enfant, et de pouvoir valoriser chaque place, autrement dit, que chacun des enfants puisse se sentir unique. Cela revient à valoriser l’enfant dans son âge au présent, c’est-à-dire, pour moi, enfant, pouvoir être aimé et reconnu pour ce que je suis, là où j’en suis, et pour moi, parent, de trouver un juste compromis entre : lui montrer la joie de grandir d’une part, et accepter qu’il ait besoin de régresser parfois à une plus grande dépendance (la possibilité de redevenir bébé). Les parents ont donc un rôle à jouer dans la possibilité pour chaque enfant de trouver sa place, d’abord auprès de sa mère et dans l’amour de ses parents, ce qui lui permettra ensuite de trouver sa place auprès de ses frères et sœurs. Pour que l’éducation donnée à chacun de nos enfants soit juste, il s’agirait de se poser la question de savoir si les principes que nous voulons inculquer ne trahissent pas en réalité nos besoins à nous, dont la satisfaction ne concerne pas l’enfant et peut l’entraver. Il s’agirait de se demander régulièrement si ce que je dis à mon enfant est dit dans son intérêt pour qu’il puisse accéder à la liberté de la vie et articuler sa personnalité de façon adéquate, ou répond à mon désir, à mon besoin, à ma propre insécurité et à ma propre absence de liberté.

Marie-Anne Morin.

Psychologue clinicienne, elle a eu de nombreuses expériences en institutions (crèches, PMI, centre médico-psychologique pour enfants et adolescents, centre de thérapie familiale…), et accompagne des personnes en consultation individuelle et en travail de groupe. Elle anime plusieurs groupes de parole pour parents avec d’autres psychothérapeutes à Paris et en banlieue.

CINQ CLES POUR : Une éducation sur mesure

Notre système d’éducation convient-il bien à chaque enfant ?

1. Me mettre à l’écoute de mon enfant, c’est-à-dire entendre les émotions en présence derrière les mots et m’adapter à ce qu’il me dit de lui. Nous avons tendance à apprendre à notre enfant à repérer très tôt les besoins des personnes qui l’entourent (ceux des frères et sœurs, ceux des parents, etc.), mais nous avons du même coup tendance à oublier de l’aider à reconnaître ses propres besoins et les émotions qui l’animent, qui constituent autant de repères pour sa connaissance de lui-même, sa construction ultérieure et sa manière de communiquer. Pour autoriser l’enfant à exprimer ses émotions (colère, tristesse, honte, joie, etc), encore faut-il se demander si cela était possible et admis chez nous lorsque nous étions enfant. Autrement dit, pour s’assurer de donner une réponse juste à notre enfant, il s’agit pour nous adulte de solliciter l’enfant que nous avons été.

2. Identifier mes propres ressources, mes besoins et mes limites : je cherche à m’entendre moi-même, ce qui me permettra dans un second temps d’être disponible pour entrer en empathie avec mon enfant.

3. Faire confiance à ma créativité et m’autoriser à tenter des choses, et donc à me tromper.

4. Établir des règles qui nous paraissent justes et qui prennent en compte à la fois nos besoins en tant que parents (de sécurité, de réassurance, etc.) et les besoins de l’enfant ; les nommer et les revoir régulièrement pour les modifier et les ajuster à l’enfant qui grandit.

5. Découvrir et utiliser des outils concrets, tels que l’énéagramme, la Process Communication, des ouvrages ludiques sur le thème de l’éducation mais aussi des groupes de partage avec d’autres parents.

TÉMOIGNAGE«  Il suffit de la prendre dans les bras  »

Les parents de Paul, Tiphaine et Bertille ont adapté leur éducation en fonction des besoins de chaque enfant de la fratrie.

« Notre fille Tiphaine (8 ans) n’a pas beaucoup d’appétit, au point que la pédiatre lui a fixé des objectifs de poids à atteindre. Au contraire, Paul, notre aîné (11 ans), a très bon appétit, au point de devoir faire attention, car il grossit trop. Pour Tiphaine, nous avons affiché dans la cuisine un tableau avec tous les aliments qu’elle aime, pour me donner des idées de plats à lui faire. Pour Paul, nous avons établi qu’il ne mange pas de féculents ni de fromage le soir, mais des légumes, un yaourt et un fruit. Donc le soir il y a de la soupe pour Paul et ses parents, qui ont décidé de suivre le même régime que lui, et des pâtes pour Tiphaine. Bertille (5 ans) navigue entre les deux. Paul, petit, était un enfant difficile et souvent grondé. Il piquait notamment beaucoup de crises dans la rue. Pour valoriser ce qu’il faisait de bien, nous avions fait un tableau avec quelques petits comportements simples à améliorer. Nous y collions des vignettes de couleur à chaque petit progrès. Au bout d’un certain nombre de vignettes, il était récompensé. Nous n’avons pas eu besoin d’un tel système pour nos autres enfants. Bertille, quant à elle, est facilement contrariée. Elle s’enferme alors dans sa colère sans arriver à en sortir. On a beau parler, expliquer, proposer ou crier, ça ne change rien. Par contre, il suffit de la prendre dans les bras et de lui faire un gros câlin et la contrariété s’en va. »

Aller plus loin : 

PARENT ENSEMBLE : Ce groupe de parole mensuel propose aux parents de partager, trouver du soutien et des pistes de réflexion ou d’action pour être avec son enfant jour après jour un parent conscient, un parent en paix avec lui-même. À Paris.

Contact : 06 98 34 96 84
marieanne.morin@gmail.com

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