Hypersensibles

3 avril 2018

perte

Sensibilité. S’est-on déjà moqué de vos accès de larmes ou vous a-t-on déjà reproché votre difficulté à communiquer vos sentiments ? Et si vous étiez hypersensible ?

Par Saverio Tomasella.

Je suis trop sensible pour vivre dans ce monde » sanglote un garçon de 13 ans par ailleurs joyeux, sportif et très sociable après un film qui l’a bouleversé. En permanence « sur la corde raide », la cantatrice Nathalie Dessay confie sa sensibilité et «sa très grande fragilité ». Très sensible ? « Trop » sensible ? Hypersensible ? Nous sommes tous concernés. Nous connaissons ces trop-pleins. Nous n’en pouvons plus. Nous n’y arrivons plus. Nous nous sentons saturés, débordés ou submergés. Nous pouvons même nous sentir à part ou plus fragiles que la moyenne… D’autres fois nous trouvons que certaines personnes exagèrent, insistent, ou s’acharnent. Dans tous ces cas de figure, nous sommes face à des phénomènes d’hypersensibilité. Très sensible, peut-on être heureux ? « J’ai toujours eu une grande sensibilité. Heureusement cette hypersensibilité aggravée est compensée par une nouvelle aptitude à rire de moi-même et de mes réactions émotives, qui peuvent être démesurées », déclare l’actrice Marion Cotillard au magazine Psychologies. Elle ajoute qu’elle a appris à se recentrer sur elle-même, qu’elle a développé une capacité de recul et un humour salutaires vis-à-vis d’elle-même. Certes une grande sensibilité est souvent mal vécue par celui qui l’éprouve et parfois mal reçue par l’entourage. Pourtant nous pouvons adopter un autre angle de vue afin d’être au mieux qui nous sommes. Il est possible de changer de regard sur soi.

MILLE ET UNE FACETTES

L’hypersensibilité ? Rien de plus humain ! De fait, il y a autant d’hypersensibilités que d’individus. Elle revêt mille et une facettes et n’est pas forcément une caractéristique permanente. Elle peut être activée lors de passages difficiles (abandon, décès, exil, licenciement, maladie, rupture) ou de certaines circonstances (voyage, procès, mariage, divorce, concours) et bien évidemment à l’occasion d’une fatigue persistante, de surmenage, de traitements médicamenteux… Concrètement, l’hypersensibilité désigne soi t une intense réceptivité, soit une forte émotivité, soit une grande expressivité. Son origine est complexe. Blessures d’enfant, peau sans protection, émotions réprimées, déchirures de l’être, poids des conventions sociales, exigences familiales, traumatismes ou encore système d’emprise, aucune piste n’est à exclure pour se réconcilier avec une sensibilité exacerbée. Dans ce cheminement, il importe de donner un sens personnel à son histoire, et de chercher à partir de soi des mots justes.

RESSENTIS DILATÉS

Quand la sensibilité nous joue des tours, c’est probablement qu’elle fait caisse de résonance. L’hypersensibilité alimente un phénomène d’amplification. Dans ces moments-là, nous sommes poussés, presque malgré nous, à réagir immédiatement, de façon impulsive. Nous sommes démesurément affectés. La réaction émotionnelle est disproportionnée. L’événement déclencheur est amplifié, notamment par la caisse de résonance des traumatismes ou des « mauvais souvenirs » enkystés dans la sensibilité qui a conservé la mémoire de nos expériences douloureuses. Les ressentis sont dilatés comme par un écho interne qui enfle, s’auto-entretient et s’ajoute aux premières perceptions. Il est alors très difficile d’expliquer ce qui se passe pour soi.

UN TRÉSOR À PARTAGER

Il ne s’agit pas de « gérer » ses émotions mais plutôt d’apprendre à les vivre. J’invite à considérer une extrême sensibilité comme un trésor à partager. La sensibilité est bonne, positive, valable. L’hypersensibilité est une opportunité. Elle n’entre dans aucune catégorie psychopathologique. Au contraire, elle met en valeur un être humain vivant de plain-pied la vie et les relations avec autrui. Il est grand temps de s’en émerveiller. À bien y regarder, sensibilité rime avec humanité. Cette faculté peut devenir une source de joie, de créativité et même de bonheur ! Un de mes patients, Paulo, l’affirme :« Être sensible, c’est souffrir plus fort. Être sensible, c’est aimer plus fort. Être sensible, c’est vivre plus fort. » Alors, place aux hypersensibles ! On ne peut pas dire qu’un être humain est « trop » sensible, car l’être humain est avant tout un être de  sensibilité. Acceptée, cultivée et valorisée, notre sensibilité est une merveilleuse conseillère.

Propos recueillis par Magali Michel

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