Est-il bien raisonnable de croire en Dieu ?

3 décembre 2013

Jean-Noël Dumont

Débat. À cause de la souffrance, du mal ou des avancées prodigieuses de la science, de nombreuses personnes rejettent la possibilité de l’existence de Dieu. Pour d’autres ce ne sont pas des raisons de douter, au contraire. 

Débat entre Lili Sans-Gêne et Jean-Noël Dumont

1. Quand je vois des enfants qui souffrent, qui meurent, des personnes handicapées de naissance, etc., je me dis que : Pourquoi le malheur s’est-il abattu sur celui-ci et pas sur un autre ? Votre Dieu serait témoin, passif – ou… impuissant ! – de tout cela ? Je ne peux pas croire à un tel Dieu.

 Et vous auriez bien raison de ne rien croire d’un dieu ingénieur à la retraite qui observe de loin les mécanismes de la machine qu’il a lancée ! Le monde n’est pas une machine insensible, les maladies et les cyclones provoquent la souffrance d’hommes et d’enfants innocents. Mais en fait, Lili, pourquoi parle-t-on de la souffrance des enfants ? N’est-ce pas au fond parce que vous pensez qu’il devrait y avoir des souffrances méritées ? Après un ingénieur, un père fouettard ! Je crois plus juste de dire que tout malheur nous surprend et nous laisse désemparé, que l’on soit le criminel le plus endurci ou l’enfant candide.

Les chrétiens, Lili, ne prient pas un Dieu ingénieur ni un père fouettard, ils n’invitent pas à la résignation. Toutes nos grandes prières, celles par exemple des psaumes, sont traversées d’un cri et ce cri est parfois même de révolte ! Cela permet de comprendre quelque chose d’étonnant : une révolte est déjà une prière, et la prière est solidaire de toutes les souffrances, inséparable des élans de charité qui parcourent l’histoire. Vous pensez au scandale d’un dieu indifférent ? Moi je pense au scandale des hommes indifférents. Car si Dieu n’existait pas, qui accuser ou supplier ? Pour le coup il n’y aurait ni bien ni mal mais des mécanismes. Le cyclone et la maladie ne sont ni bien ni mal, c’est des mécanismes d’une nature indifférente… il ne reste alors qu’à les supporter en silence. Le point que vous abordez, Lili, est essentiel. Des cœurs généreux se révoltent contre le mal. C’est à la fois la plus grave accusation et la plus grande preuve que nous avons besoin de Dieu, car si Dieu n’existait pas tout serait mécanisme muet auquel faire face stoïquement.

2. Je comprends qu’autrefois les gens pouvaient croire en Dieu. Mais aujourd’hui, les progrès de la science apportent chaque jour une explication plus complète aux phénomènes que l’homme attribuait avant aux divinités. On n’a plus besoin de croire pour comprendre l’univers ! Partout où les religions voyaient un signe de la présence divine, l’homme a fini par y trouver une explication rationnelle et tangible.

 C’est vrai, la connaissance scientifique, celle qui dégage des lois pour expliquer les mécanismes du monde, a fait et fera sans doute encore des progrès merveilleux. Ces connaissances, remarquez-le, nous donnent aussi beaucoup de puissance en développant des techniques toujours plus performantes. Cela peut donner l’impression qu’on peut se passer de Dieu. C’est ce que l’on a appelé le scientisme, qui croyait que la science devait apporter aux hommes le savoir et la prospérité. Bien des ces promesses sont tenues et on s’en réjouit tous.

Mais si la science met en lumière les mécanismes – le comment – elle est muette sur la question du sens – le pourquoi. Or c’est bien le pourquoi qui nous turlupine, c’est bien à propos du pourquoi que vous vous posez des questions. Je crois que les connaissances scientifiques ne diminuent pas notre étonnement mais l’augmentent. L’astronomie, par exemple, augmente notre étonnement devant la beauté du ciel étoilé… Mais elle ne dit rien de cette beauté ! Moi je crois plutôt que la science ouvre à la foi, car elle nous montre que ce monde a des lois, qu’il a un ordre. S’il a un ordre il peut bien avoir un sens ! Si on compare le monde à un texte, la science déchiffre la grammaire d’un texte dont elle ne connaît ni la langue, ni l’auteur. Mais enfin, il y a une grammaire, ce n’est pas des lettres jetées au hasard. Einstein l’a dit à sa manière en disant que « Dieu ne joue pas aux dés » !

3.Ce que je trouve « louche » avec les religions, c’est qu’elles répondent trop parfaitement aux aspirations humaines : désir d’éternité, de revoir les êtres chers disparus, d’être pardonnés de nos erreurs, etc. C’est bien la preuve qu’elles ont été imaginées par lui !

 Et vous voudriez une conviction qui ne corresponde pas à votre désir ? Une vérité qui fasse mal, pendant que vous y êtes ! Mais heureusement que la foi correspond à notre désir, à notre désir le plus profond ! Pourquoi être puritain au point de ne pas écouter son désir ? Oui, avoir la foi c’est bien croire à la réalité de ce que l’on désire, et je ne vois pas ce qu’il y aurait de suspect à cela ! À moins que, vous qui trouviez suspecte la résignation, vous ne trouviez aussi suspect le désir !

4.Quand on est athée, on goûte plus le bonheur de cette vie sur terre : on ne vit pas dans la fuite et dans l’illusion d’une vie éternelle qui viendra nous consoler de nos petits malheurs. On assume notre vie, on en profite à fond, puisqu’il n’y en aura pas d’autre. Je vous assure que Dieu n’a pas d’utilité pratique : il n’est pas nécessaire au bonheur. On vit très bien sans lui !

Décidément, vous vous accrochez à votre idée, Lili ! Cette obstination est sympa, mais tout de même… pourquoi parler d’illusion si ce n’est parce que vous soupçonnez notre désir, ce qui est au fond – avouez-le – une forme de mépris de l’homme ? S’il était vrai qu’on profite mieux de la vie sous un ciel vide et dans un monde dépourvu de sens, alors les artistes et les créateurs athées nous présenteraient un monde joyeux et gracieux. Là où l’on a rejeté Dieu, je vois plutôt œuvres grimaçantes et ricanantes. Trop de dérision règne dans nos œuvres, aussi bien que dans nos mentalités, pour que je puisse croire que l’on gagne en jouissance terrestre ce que l’on perd en extase céleste ! On ne gagne pas en terre ce que l’on perd en ciel. La terre est bonne à habiter sous le regard aimant de Dieu. L’art chrétien, dans sa beauté et sa vigueur, ne montre pas une moindre joie de vivre !

5. J’ai pourtant l’impression que la foi chrétienne nous invite à fuir le monde.

Ce n’est pas parce que l’on dit que ce monde-ci en prépare un autre qu’on le dévalorise, au contraire, puisque tout ce que l’on y fait est décisif. Est-ce renier le monde que construire, comme le font les chrétiens, des hôpitaux, des écoles, des cathédrales ? Oui, je connais comme vous sans doute des croyants qui semblent aigres et égoïstes, et alors ? Si on le leur reproche, n’est-ce pas parce que l’on sait que la foi donne, avec la compassion pour les souffrances, l’infatigable ardeur de la joie ?

 

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