Pourquoi Dieu est-il silencieux ?

1 juillet 2017

père Descouvemont

Débat. « Si Dieu manifestait sa présence, je croirais en lui ! » Ne sommes-nous pas souvent tentés de dire cela ? Pourquoi Dieu resterait-il si discret, si silencieux, si effacé, s’il existait vraiment ?

Le débat entre Lili Sans-Gêne et le père Pierre Descouvemont.

1 Si Dieu existait et nous aimait, il aurait à cœur de se manifester, pour que nous puissions jouir de sa présence. Si vous pensez qu’il se manifeste à travers la beauté d’un coucher de soleil ou le sourire d’un enfant, alors pourquoi laisse-t-il un ouragan ou une épidémie ravager toute une population ? Pourquoi laisse-t-il Daech accomplir tant de crimes ?

 Les chrétiens sont les premiers déconcertés par ce « silence » de Dieu. Pourquoi n’intervient-il pas plus souvent dans le cours des événements ? Le 20 juillet 1944, la serviette contenant une bombe destinée à tuer Hitler a été déplacée de quelques centimètres au dernier moment par l’une des 24 personnes présentes dans la pièce. Le Führer n’a eu que les tympans percés, la guerre a continué ! On ne comprend pas. Nous sommes tous tentés de blasphémer, c’est-à-dire de condamner Dieu, de lui faire des reproches : « Tu aurais dû faire en sorte que la bombe soit remise à la bonne place ! » Ce qui nous empêche de céder à ces blasphèmes, c’est le rappel que Dieu nous adresse : « Vos voies ne sont pas les miennes » (Is 55, 10). « Tu raisonnes bien, mon enfant. Mais tâche d’admettre que mon intelligence divine est infiniment supérieure à la tienne. Ne me donne pas de leçons sur la façon dont je devrais m’occuper de ce monde que je ne cesse de créer. »

2 Si vous dites que Dieu est bon, comment peut-il accepter que le mal touche ses enfants ?

Comme dit saint Augustin: «Le Dieu tout-puissant, puisqu’il est souverainement bon, ne laisserait jamais un mal quelconque exister dans ses œuvres, s’il n’était assez puissant et assez bon pour faire sortir le bien du mal lui-même. » En effet, après la mort, au ciel, nous comprendrons tout le bien que Dieu aura réussi à produire à partir des maux qui affligent ses enfants… Car Dieu fait tout concourir à notre bien (Rm 8, 28).

3 Si votre Dieu permet le mal, c’est qu’il en est complice finalement alors…

Non, Dieu est vraiment en colère contre le mal ! Mais il en « permet » l’existence. Il est indicible, ce mystère d’actions « contraires » à la volonté de Dieu mais que Dieu « utilise » pour notre bien, d’une manière qui nous échappe presque toujours.

4 Avouez qu’il est bien difficile d’accepter un tel mystère.

Ce n’est pas difficile, c’est impossible. Si le Fils de Dieu est venu sur terre et a souffert sa Passion, ce n’est pas seulement pour nous révéler que son Père était un père infiniment bon et miséricordieux. Il est venu faire à notre place quelque chose que nous sommes incapables de faire par nous-mêmes : accepter de ne pas comprendre la volonté de Dieu, et lui faire totalement confiance, s’abandonner à lui… D’ailleurs, Jésus lui-même a eu du mal à accepter la volonté de son Père. Tout Fils de Dieu qu’il était, il a pleinement assumé notre condition humaine. Il a accepté d’être tenté. Quelle humilité, quel abaissement… En effet, un quart d’heure avant d’être arrêté au jardin de Gethsémani, Jésus demande à son Père s’il ne Lui serait pas possible de mettre en place « un plan bis de la Rédemption » qui le dispenserait de monter au Calvaire. « Père, lui dit-il, tout t’est possible. Éloigne de moi cette coupe [de souffrances] » (Mc 14, 36). Comme il l’a souvent fait au cours de ses nuits, Jésus se met à prier, il supplie son Père de lui donner le courage d’être fidèle à sa mission. Et il se soumet, il obéit : « Père, non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux. » C’est ce oui de Jésus à la volonté du Père, cette obéissance du Fils bien-aimé, explique saint Paul, qui répare toutes nos désobéissances, tous nos blasphèmes (Rm 5, 19). C’est ce « oui » que Jésus offre lui-même à son Père au cœur de nos eucharisties et auquel nous joignons tous les sourires que nous essayons d’offrir nous-mêmes à Dieu, lorsque nous souffrons et que nous acceptons le mystère de sa Providence, au lieu de grimacer, de nous révolter, de blasphémer.

5 Mais pour croire à ce que vous appelez ce « merveilleux mystère » de la Providence, vous êtes obligés de croire à un mystère encore plus grand, à savoir qu’il y a plus de 2000 ans, « sous Ponce Pilate », Dieu serait venu lui-même sur terre, incognito, dans un petit village de Galilée. Pourquoi votre Dieu se fait-il si discret, pourquoi aime-t-il tant s’effacer ?

C’est effectivement le grand reproche que nous ont fait les philosophes au siècle des Lumières. Quel est ce Dieu qui pré- tend venir pour tous les hommes et qui n’entre en contact qu’avec une toute petite poignée d’hommes et de femmes de son temps, dans un coin de la planète, « sous Ponce-Pilate » ? Pourquoi pas « sous Pompidou » ? Pourquoi cette immersion silencieuse de Dieu dans notre histoire ? Et nous voilà obligés de passer par le témoignage des témoins oculaires de Jésus pour connaître son message et les signes qu’il a accomplis à ce moment-là pour accréditer son message. Nombreux sont ceux qui, comme Thomas, voudraient toujours voir « en direct » les signes sensibles de la présence du Seigneur. Car Dieu sort parfois de son silence. Et des signes, il en a fait beaucoup « en ce temps-là », et il continue à en faire. Parfois même des signes spectaculaires, comme tous ces miracles étonnants que l’Eglise vérifie de près avant de procéder à une béatification ou une canonisation. Et nous en avons besoin : ils confortent notre foi.

6 Mais pourquoi alors Dieu n’exauce-t-il pas davantage les prières lorsque nous lui demandons quelque chose de raisonnable ?

Combien de saints ont vécu cette épreuve… La Vierge Marie elle-même, avec Joseph, son époux, a certainement prié pour que les gens de Nazareth se convertissent et reconnaissent Jésus comme leur Sauveur. Or ce fut le seul village où Jésus ne put faire aucun miracle. Il en fut lui-même « étonné » (Evangile selon saint Marc). Une épreuve de plus qui a fait grandir Marie dans l’abandon à Dieu…

7 Finalement, croire à la Providence, n’est-ce pas revenir à la croyance des Grecs au Destin ?

Les héros de la tragédie grecque, Sisyphe, Œdipe, etc. ne peuvent rien faire pour échapper à leur Destin : ils ne peuvent que se révolter contre lui. Ils sont les simples exécutants d’un « scénario céleste » où rien n’est laissé à leur libre choix. La trahison de Judas au contraire, toute prévue qu’elle ait été par Jésus, fut un acte commis en toute liberté. Dieu ne nous confisque jamais notre liberté, contrairement au Destin grec.

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