PÈRE PHILIPPE, LES CITÉS AU CŒUR

2 novembre 2020

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PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE MEYER

Né en 1973, prêtre depuis 2006, aumônier des jeunes de son secteur à Istres dans les Bouches-du-Rhône, le père Philippe a créé l’association Jeunes et Solidaires avec une dizaine de bénévoles pour accueillir les adolescents et jeunes adultes en voie de rupture.

Qui sont les jeunes que vous accompagnez ? Des « racailles » ? Oui, si l’on veut. Ceux que l’on appelle des jeunes de « tieks » (quartiers), des « lascars », sont en réalité des êtres de grande valeur, à l’esprit et au cœur remplis d’intelli- gence et d’humanité. Celles et ceux que l’on fuit parce qu’ils font peur, que l’on ignore pour ne pas s’en préoccuper. Les racailles n’existent pas. Il n’y a que des êtres blessés, infiniment seuls parfois malgré la bande et qui n’attendent sou- vent qu’un regard pour que tout s’éclaire.

À quelles « galères » doivent-ils faire face ? Une des grandes détresses de ces jeunes est l’absence. Celle d’un père qui n’a jamais été là, celle d’une famille qui leur manque. Alors oui cette violence ils la renvoient dans leur comportement et dans leurs actions.

Ils me dévoilent leurs blessures au fil du temps : la dévalorisation de soi, le sentiment d’inutilité dans un monde qui ne veut pas d’eux, le père absent, les fugues, les conflits familiaux, le cannabis, les démêlés avec la justice…

Il ne faut pas oublier que par-delà les masques, la fierté, enfoui sous des tonnes de codes demeure l’humain, sublime dans sa dignité, bien vivant, et une soif incommensurable d’être aimé.

Comment leur venez-vous en aide concrètement ? En apprenant à garder les distances nécessaires qui me permettent d’être à leurs côtés sans adopter forcément les mœurs du bitume, sans chercher à leur ressembler de manière artificielle. Pour ces jeunes en mal d’estime et de considération, les écouter, c’est déjà beaucoup. Dans mon regard comme dans mes paroles, jamais aucun jugement. Une disponibilité, une présence et la disponibilité au quotidien de l’équipe avec laquelle je travaille.

Quels signes d’espérance repérez-vous dans leur parcours ? L’envie de vivre et de construire un avenir à nouveau. Chez tous je trouve un point commun : le désir d’avancer, de partager des projets, de s’investir sur d’autres chemins que celui de la délinquance. J’ai la chance de connaître de ces jeunes la face d’humanité, la part d’enfance spontanée et joyeuse qui demeure encore et qui voudrait tant se livrer si seulement quelqu’un lui donnait la chance de se révéler.

Quel regard la société doit-elle apprendre à porter sur cette jeunesse « turbulente » ? Un regard juste et vrai. Ces jeunes ne sont pas pire que toi ou moi. Il leur manque l’essentiel, une présence un regard qui les aide à grandir et à exister.

SON LIVRE

Cités du cœur. Avec les jeunes de la rue. Père Philippe, Salvator, 2020, 200 pages, 18 €.

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