MARIAGE : COMMENT FAIRE LE BON CHOIX ?

30 janvier 2020

Young bride and groom outside in green nature at romantic sunset, hugging.

De nombreux jeunes vivent en couple, ont le désir de s’engager et songent au mariage. Quelques questions, entre autres, à se poser, pour discerner si cette personne est la bonne pour bâtir une vie à deux…

PAR PIERRE-MARIE CASTAIGNOS – PROPOS RECUEILLIS PAR ÉMILIE POURBAIX

Le père Pierre-Marie Castaignos est thérapeute de couple et a passé de nombreuses années à préparer des jeunes au mariage et à accompagner des couples en difficulté. Il prêche des retraites de préparation au mariage et de discernement.

Les fiancés se marient de plus en plus tard et leur psychologie est déjà bien affirmée. Ils sont aussi soucieux de réussir leur mariage, mais face à l’inflation des divorces autour d’eux, ils sont bien plus insécurisés que leurs aînés lorsqu’il s’agit de franchir le pas. À l’heure du zapping et du jetable, la société elle-même ne porte plus le mariage tel que l’Église l’entend : pour la vie, stable et fidèle. Ils essaient de se rassurer en partageant une vie commune avant le mariage, mais les statistiques sont là. Il y a plus de divorces parmi les couples mariés ayant vécu en concubins que parmi ceux qui ont vécu un vrai temps de fiançailles.

La réponse à cette fragilité du couple n’est pas dans le mariage à l’essai mais dans une étape de discernement qui aide les jeunes à découvrir leur manière de fonctionner pour détecter de possibles immaturités ou incompatibilités de caractère et prévenir le mariage impossible, celui de la carpe et du lapin. Proposer aux couples des critères de discernement qui permettront d’éclairer leur choix, semble être le meilleur moyen de prévenir les divorces. La famille est la cellule de base de la société. Vivre un amour qui puisse durer toute la vie, n’est-ce pas au fond le désir de tout être humain ?

DIRE « JE »

Dire «je», pour dire «tu» et dire «nous». Là réside la difficulté du couple. Comment dire « je » sans que ce « je » ne soit l’absorption d’un « tu » et sans que le « nous » ne soit la dissolution des « je » ? De vraies questions se posent au couple. Quel est mon niveau de différenciation au sein de ma famille et de mon couple ? Ai-je appris à dire « je » dans ma famille d’origine ? Dans quelle mesure le niveau d’individuation des partenaires est-il un critère de discernement pour fonder un couple ? En quoi l’accueil de l’altérité est-il une condition pour aimer ? L’altérité, c’est accepter un « tu » face à un « je ». C’est reconnaître que l’autre n’est pas moi et n’a pas à le devenir, même si nous faisons route ensemble. La différenciation correspond à la maturité émotionnelle. Moins on est différencié, plus on recherche la fusion et moins on est mature émotionnellement. Le piège, c’est de vouloir garder la félicité émotionnelle de la fusion qui se terminera tôt ou tard par une relation dominant-dominé avec l’un des partenaires qui est prêt à se sur-adapter à l’autre pour ne pas le perdre. Le dominé se conformera de plus en plus à celui qui est en position haute dans le couple, pensant ainsi satisfaire ses besoins et sécuriser la relation. C’est l’inverse qui se passe et un cercle vicieux s’installe : « Plus tu me fuis, plus je te suis, et plus tu me suis, plus je te fuis. » Un des signes de différenciation, c’est la capacité de dire non et de l’ex- primer clairement. Dire non, c’est dire « je ». En voulant être gentil et fuir ainsi les conflits, le partenaire ne se rend pas compte qu’il épuise la relation et crispe les échanges.

DEUX PAUVRES

C’est parce que l’on demande trop à la relation amoureuse que celle-ci est mise en danger et que les époux se découragent. Le secret de la longévité du couple, c’est d’accepter que l’autre ne me comble pas. Ainsi la relation reste dynamique, en attente d’une plénitude qui, nous le savons, ne sera pas de ce monde. L’homme, le couple, toute réalité humaine pour durer doit passer par le creuset de l’accueil de la pauvreté de chacun, de ses limites, de ses manques et même de son péché. L’acceptation de notre finitude est la condition pour que toute relation durable, en particulier le mariage, puisse s’ancrer dans un voyage au long cours. Le couple est l’union de deux pauvres ! Accepter de vivre une certaine indigence et incomplétude dans la relation amoureuse fait partie des conditions pour traverser paisiblement la vie commune. C’est là qu’intervient le discer- nement. Avec quelle pauvreté puis-je vivre ? L’erreur classique est de croire que l’autre va chan- ger et que ce que j’identifie aujourd’hui comme des manques va progressivement s’estomper. Après le mariage, ça ira mieux ! Si l’on change, c’est à la marge et nos qualités comme nos défauts s’épaississent. Le discernement doit se faire avec l’autre tel qu’il est aujourd’hui.

4 CLÉS POUR S’ENGAGER

1 Être amis
Le mariage est une amitié entre un homme et une femme qui va jusqu’au partage de toute la vie, ce qui n’est pas le cas de toutes les amitiés. Il y a quelque chose d’unique dans la relation amoureuse que je ne vivrai pas avec d’autres amis.

2 Le coup de foudre
Si le coup de foudre est très romantique, les unions qui en découlent n’ont pas une longévité assurée. Au début, c’est l’évidence et puis les caractères se révèlent et la magie de la rencontre commence à s’émousser. Si le coup de foudre peut être le point de départ, il ne garantit pas la qualité ni l’avenir de la relation. Pour que ça dure, il faut mettre de la raison dans cette relation. Si tout mariage est un mariage d’amour, on oublie souvent qu’il est aussi un mariage de raison. Il est important de nommer ces raisons pour en faire mémoire et durer dans les épreuves de la vie matrimoniale et familiale.

3 L’absence de coup de foudre
Certains couples sont inquiets et se demandent s’ils sont normaux, car ils n’ont pas eu le coup de foudre. D’amis, ils sont progressivement devenus amoureux puis se sont mariés sereinement deux ans après : rien de passionnel. Certains voudraient que leur relation soit magique et passionnelle, comme par enchantement, et que cet état dure toute la vie sans aucun travail de leur part. Une certaine presse veut présenter l’amour de cette manière, mais c’est un mensonge !

4 Accepter la pénibilité de l’amour
Les couples se mettent trop de pression, pensant qu’ils doivent être en permanence au sommet de leurs émotions et de la passion avec une vie sexuelle ultra-performante. Voilà un tue-l’amour assuré ! Celui qui n’ouvre pas son cœur à une certaine pénibilité liée à la relation, même avec une personne profondément aimée, n’est pas ouvert non plus à un amour au long cours. Il faut sortir de l’idéal d’un amour fusionnel, symbiotique et comblant pour avoir accès à un amour véritable, plus humble mais plus beau. Une grande partie des séparations s’explique car une conception erronée de l’amour au point de départ. Aimer veut dire entrer dans un combat spirituel contre nous-même, détectant égoïsme, perfectionnisme, domination qui sont présents en nous et qui, avec la grâce de Dieu, peuvent être éradiqués de notre cœur.

TÉMOIGNAGE

SORTIR DE LA FUSION

Florence et Michel ont débuté leur relation amoureuse il y a un an. Une chose inquiète Michel : les disputes à répétition avec Florence.
Le sujet est toujours le même : sa relation avec sa mère. Pour un oui ou pour un non elle téléphone à sa mère et lui demande son avis sur tout : vêtements, recettes, maquillage, choix professionnels… Elle est sans cesse en quête de réassurance pour combler son manque de confiance en elle. Cela met Michel hors de lui. Il a été habitué à prendre ses décisions tout seul et ne comprend pas ce désir d’approbation de sa fiancée. Il se demande clairement si cela ne va pas être un obstacle à leur avenir commun. Les mois passent et la situation ne s’améliore pas. Florence le harcèle de SMS quand elle n’a pas de réponse dans l’heure. Quand il part une journée en déplacement professionnel elle a besoin d’entendre au téléphone trois ou quatre fois « je t’aime », sinon c’est la crise. Trois moi après, il met un terme à cette relation, épuisé par les tensions et la peur d’abandon de Florence. Entre Florence et Michel la vraie question est celle de la différenciation par rapport à la famille d’origine et donc par rapport au partenaire.

POUR ALLER PLUS LOIN

Est-ce lui ? Est-ce elle ? Des clés pour avancer Pierre-Marie Castaignos, Salvator, 2019, 198 p., 17,90 €

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