ESPRIT SAINT, ES-TU LÀ ?

31 mai 2020

17 L1v N115 P. Thévet

Des langues de feu qui ne brûlent pas, une colombe qui descend du ciel, un souffle qui plane, une huile qui sent bon… Vraiment, la troisième personne de la Trinité est un mystère à elle toute seule !

LE DÉBAT ENTRE LILI SANS-GÊNE ET LE PÈRE PIERRE TREVET

Des langues de feu qui tombent sur les apôtres sans leur brûler la tête… Allons bon ! Qu’est-ce que c’est que ces balivernes ?

Et pourquoi Dieu, le créateur du monde, ne pourrait-il donner des signes sensibles pour manifester une réalité spirituelle ? Ce feu qui brûle sans détruire (cela nous fait penser au buis- son ardent de Moïse) est le signe de l’amour de Dieu qui vient embraser les cœurs. C’est l’expérience faite par tous ceux qui, un jour, ont été embrasés par l’Esprit Saint – expérience non moins extraordinaire –, même si elle ne s’est pas accompagnée de manifestations extérieures. De ce jour là, on se souvient toute sa vie, car cela vous prend le cœur, et vous met tout l’être dans la joie et la certitude d’être aimé et d’avoir quelque chose à donner à ce monde. La certitude d’être unique aux yeux de Dieu, c’est – je suppose – comme quand on tombe amoureux : on sait qu’on est aimé, que l’on peut aimer.

Cet Esprit Saint descend pourtant sur la tête de Jésus sous la forme d’une colombe pendant son baptême. On se croirait au cirque ! Ce n’est plus un Messie, c’est un prestidigitateur qui fait sortir les colombes de son chapeau !

Oui, on pourrait penser à cela, mais rappelez-vous que l’on ne peut comprendre l’Évangile que si l’on a en tête l’Ancien Testament. D’ailleurs, Jésus n’au- rait pas été reconnu s’il n’y avait pas eu deux mille ans de préparation depuis Abraham. Une colombe, ce jour-là, nous renvoie premièrement au déluge. Le récit du déluge se termine ainsi : quand les eaux ont enfin baissé, une colombe revient à l’arche de Noé avec un rameau d’olivier dans le bec pour annoncer que la terre a réapparu et qu’un olivier a poussé. La colombe est le signe d’un renouveau radical, d’un recommencement. Avec Jésus, rien ne sera plus pareil, tout est radicalement nouveau. Ensuite, la colombe est présente dans le Cantique des Cantiques : « Tes yeux sont des colombes. » Cela nous dit que le Saint-Esprit est préposé à la beauté intérieure, celle que l’on voit à travers les yeux des grands saints. Quand vous êtes en présence d’un saint, l’Esprit Saint transparaît dans ses yeux. Celui qui a croisé le regard de mère Teresa, de Jean-Paul II ou de tant d’autres dans nos paroisses, tout impré- gnés du Seigneur et de son amour, le sait bien.

On dit que Dieu est un seul Dieu en trois personnes – le Père, le Fils et l’Esprit Saint –, que Jésus est une personne en deux natures – humaine et divine. On pourrait se risquer à dire, en un sens évidemment différent, que le Saint-Esprit, lui, est une personne en d’innombrables personnes : par l’Esprit Saint, Dieu s’unit à nous et nous unit à lui. Il vient en chacun et on le voit à travers ceux qui s’en laissent imprégner. En venant dans l’homme créé à l’image de Dieu, il la rend parfaitement ressemblante. Le Saint-Esprit resplendit dans la personne humaine qui se laisse évangéliser par l’amour.

Oui, enfin… qui dit Esprit Saint dit esprit ; et moi, cela me ferait plutôt penser aux fantômes et aux spectres !

Non, pas du tout ! Le nom Esprit nous induit facilement en erreur. C’est pour cela que François Garagnon, qui a écrit Jade et les mystères sacrés de la vie, l’appelle « Monsieur Saint-Esprit ». Une de mes amies n’en parle jamais sans dire « le Seigneur Esprit Saint ». Parce que c’est d’abord quelqu’un. Jésus en parle comme du « Paraclet ». On ne sait pas trop bien comment l’interpréter, il y a plusieurs traductions, mais on pourrait dire : « celui qui se tient à vos côtés ». L’avocat, en somme, qui se tient à mes côtés pour me défendre, me soutenir, m’encourager, m’éviter de désespérer devant ceux qui m’accusent. On dit aussi le conseiller, le consolateur. J’aime beaucoup le « souffleur », celui qui palie la défaillance du comédien et qui se tient là, patiemment, pour qu’au moment où il aura une absence il puisse lui souffler le bon mot. Une image plus moderne pourrait être celle du réalisateur d’une émission de télévision. Il est en dehors du champ de la caméra, mais il peut souffler dans l’oreillette à l’animateur de l’émission le bon mot pour les auditeurs. Il est là en secret mais toujours prêt à nous défendre, nous consoler, nous conseiller.

« Il a parlé par les prophètes », dit-on à la messe ; « il vous dira ce que vous devez dire », selon Jésus : c’est un ventriloque !

Tiens, c’est pas mal comme image ! Oui, il a parlé par les prophètes, mais c’était sporadique, pour un temps, des interventions ponctuelles. Grâce à Jésus, il est promis pour tout le temps. Désormais, il demeure. Ce qui était arrivé aux prophètes est « démocratisé », ce n’est pas réservé à une élite spirituelle comme Moïse, Jérémie ou Isaïe en fonction d’une mission particulière, mais à tous ceux qui veulent bien l’accueillir, comme une habitation permanente, à travers lui, de la Sainte Trinité en nous. Il fait de nous des enfants de Dieu.

Il paraît qu’il a des dons à revendre, est-il comme la force dans Star Wars ?

Le Saint-Esprit va mettre en nous toutes les harmoniques de l’amour suivant notre sexe, notre histoire, nos blessures, nos talents. Il va nous faire aimer. En donnant à certains le don de l’explication de la parole de Dieu, à d’autres celui de l’unité lorsqu’ils sont plus relationnels, à d’autres de l’intuition pour être ingénieux, inventifs. À d’autres il va donner simple- ment d’aimer en faisant la cuisine, en faisant bien manger leurs frères et sœurs. C’est de cet ordre-là. Dieu nous sauve en nous faisant faire. Comme un papa et une maman qui apprennent à leurs enfants à faire une pizza. Ce serait plus facile de la faire eux- mêmes car avec les enfants il va y avoir de la farine et du coulis de tomate partout. Mais ainsi, ils les font grandir. Le Saint-Esprit est là, au creux de notre per- sonne, pour nous faire faire et c’est comme cela qu’il nous sauve. Il nous souffle ce qu’il serait bon de faire et comment le faire. La vie chrétienne c’est de s’habituer à cette personne qui nous aide à être plus disponible, à développer nos capacités et à écouter ce qu’il nous dit par les événements et par les autres.

Que vaut une prière si l’Esprit Saint nous inspire à tout moment ? Nous ne sommes plus libres, nous sommes des robots !

Non, justement, Dieu nous fait la grâce de le prier, de le louer. Il y a cette belle parole dans une des préfaces de la prière eucharistique : « Nos chants n’ajoutent rien à ce que Tu es, mais ils nous rapprochent de Toi ». Voilà, le Saint-Esprit ne fait pas de nous des faire-valoir de Dieu mais il nous donne l’immense grâce de partager sa gloire, d’entrer dans son amour, d’être capables comme lui d’aimer, d’infuser la bonté dans les autres. Il nous fait par- tager ses dons. J’aime rapprocher deux versets de l’Évangile. Au début de l’Évangile selon saint Jean (3, 34-35) : « C’est sans mesure que Dieu donne l’Esprit : le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main. » Et à l’autre bout de l’Évangile selon saint Luc (23, 46), nous avons Jésus sur la Croix qui dit : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Au départ, nous avons le Père qui donne son Esprit sans mesure et à la fin, le Fils qui remet l’Esprit sans mesure à son Père. Qui aurait osé prétendre entrer dans ce mouvement divin ? Eh bien, l’Évangile nous le dit et l’Esprit Saint nous le fait faire : par lui, nous voilà embarqués dans ce grand mouvement du Père au Fils et du Fils au Père.

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