Comment faire du temps un allié ?

1 mars 2018

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Bien-être. Courir, gagner du temps, grâce aux technologies, à la frénésie… Pour quoi faire finalement ? et si l’écologie passait aussi par notre rapport au temps ?

Par Gilles Vernet.

Comme des pantins dévalant la pente de la vie, nous ne pouvons pas nous arrêter sous peine de tomber. D’une certaine manière, nous ne pouvons nous désolidariser de la frénésie collective, sous peine d’être décrochés. Pourtant, nous avons de plus en plus d’outils pour « gagner du temps ». Comment se fait-il que nous ayons de plus en plus l’impression d’en manquer ? Comme le demande le philosophe Hartmut Rosa : « Où passe tout ce temps gagné ? » Ne pourrions-nous pas nous réapproprier tous ces outils technologiques pour servir un nouveau but : notre bien-être commun ? Face à l’accélération vertigineuse du monde, pouvons-nous reprendre la main et nous réapproprier notre rapport au temps ? Pouvons-nous trouver un autre but collectif que la croissance ? Comment se libérer de l’urgence pour retrouver du sens ?

S’il est bien un domaine sur lequel nos volontés individuelles n’ont guère de prise, c’est bien l’accélération de la modernité. Depuis la révolution industrielle, le monde est pris dans une spirale d’accélération sans précédent, née de la conjugaison des accélérations démographiques, économiques, technologiques et sociales. Tout va de plus en plus vite. Il faut travailler plus vite, consommer plus, cuisiner, manger plus vite, dormir plus vite, tout faire plus vite. Cette accélération généralisée s’est progressivement amplifiée jusqu’à la démesure. Aujourd’hui, de nombreux signaux d’alarme sont au rouge, qu’ils soient écologiques, financiers, politiques ou sociaux. Une vraie litanie de maux accompagne l’accélération de ces trente dernières années. La vitesse de nos rythmes de vie ne trouve pas seulement ses racines dans l’instinct de compétition et le désir partagé de grimper l’échelle sociale.

A cette force vient s’en adjoindre une autre, plus redoutable encore, qui précipite même ceux qui n’en ont pas envie dans la course : l’instinct de conservation et son corollaire, la peur d’être décroché. Le monde accélère, donc nous accélérons. Et plus nous avons peur d’être déclassés, décrochés par ce rythme de fou, plus nous accélérons, alimentant ainsi un processus collectif dont nous souffrons et dont nous sentons qu’il nous mène aux limites. Une vraie question de sens se pose. Car en vérité, quel est l’objectif de tout ça ? Cette course a-t-elle un autre but qu’elle-même ? Il est possible de « libérer » du temps pour peu d’accepter de ne pas tout vivre. La place ainsi dégagée se remplit de moments d’une qualité nouvelle, moins compulsifs, moins conflictuels, plus naturels. Cette liberté de l’enfant n’est bien sûr possible que par intermittence. Les innombrables obligations que nous impose la société accélérée nous laissent bien peu le loisir de flâner. Nos rythmes de travail accaparent notre vie et nous placent dans un état de tension qui nous fait perdre de vue la qualité intrinsèque du temps. Alterner les phases de vitesse et de ralentissement est donc la solution qui se dessine. Cette reprise en main du temps passe par un réapprivoisement de la technologie dévorante et du dialogue insidieux qu’elle entretient avec l’ego.

RENONCER

Il y a des choses qu’on croit importantes et dont on s’aperçoit – si pour une raison ou pour une autre on ne les a plus – qu’on peut très bien s’en passer, voire qu’on s’en trouve allégé. Pourquoi alors ne pas délibérément s’en délester ? Notre société de l’abondance et de l’insatisfaction a une perception négative du renoncement. Pourtant, face à l’accélération, apprendre à renoncer est devenu une obligation si l’on veut « trouver » du temps.

LIBERER DE  LA PLACE

Nous sommes toujours amenés à renoncer à certaines choses au profit d’autres. Choisir, c’est éliminer. La vertu du renoncement, c’est qu’il libère de la place pour autre chose, un espace vierge à explorer. À la manière d’un ballon dirigeable, plus on se déleste de poids inutiles, plus on prend de la hauteur. Tout se fait dans le temps. Et les temps « vides », ces temps contemplatifs réputés inutiles, recèlent de richesses : le rêve, l’imagination, la réflexion profonde, le recul, la création… Ces moments rares, dans lesquels le temps déroule son cours sans entrave, libèrent l’insoupçonné. C’est ainsi qu’Einstein ou Newton ont accouché d’idées qui ont révolutionné le monde.

 

 

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