Accepter ses fragilités

23 octobre 2016

accepter ses fragilités

Humanité. Chacun a ses petites et ses grandes fragilités, invisibles ou apparentes. Les accepter permet d’entrer dans des relations plus vraies avec les autres.

Jean Vanier

Nous sommes habitués à ce que le faible ait besoin du fort. Mais l’unité à l’intérieur de soi, la guérison intérieure, se réalise quand le fort découvre qu’il a besoin du faible. Le faible éveille et révèle son cœur ; il éveille les énergies de tendresse et de compassion, de bonté et de communion. Il éveille la source. Il faut du temps et des efforts continuels pour rester fidèle à la communion. Mais cela amène à la découverte de sa vraie humanité : une libération intérieure profonde. En découvrant la beauté et la lumière cachées dans le faible, le fort commence à découvrir la beauté et la lumière dans sa propre faiblesse. Même plus, il découvre la faiblesse comme le lieu privilégié de l’amour et de la communion. En effet, les personnes en situation de faiblesse laissent tomber les barrières plus vite ; elles ne cherchent pas à se prouver ou à se cacher leur faiblesse. Il y a une grande vérité dans leur partage et leurs réactions. Et la vérité rend libre. Ainsi la personne faible nous conduit vers ce qu’il y a de plus profond en nous-mêmes.

Communion

Le besoin de communion devient impérieux en situation de faiblesse, quand on ne peut plus agir ou coopérer avec d’autres. Quand on est en pleine réussite, on recherche plutôt l’admiration. Quand nous nous sentons faibles, nous sommes en quête de communion. Cette faiblesse peut être la faiblesse du petit enfant, celle du vieillard, de la personne malade, de l’accidenté, de la personne qui vient de subir un échec professionnel, de la personne avec un handicap, de la personne en dépression. Quand on est en état de faiblesse, on n’a pas besoin de grands discours ou d’actions, mais de la présence de quelqu’un qui vient près de nous pour nous tenir la main et dire : « Je suis content d’être là avec toi. » Ainsi on sait qu’on est aimé, non pour ce qu’on est capable de faire, mais pour ce qu’on est. C’est à ce moment-là que va renaître la confiance en soi.

Handicap

Les personnes avec un handicap mental sont pourtant souvent plus douées que les autres sur le plan du cœur et de la relation. Leurs handicaps sont compensés par un surcroît de confiance dans les autres. Ces êtres vivent plus près de l’essentiel. Dans nos sociétés compétitives qui mettent l’accent sur la force et la valeur, ils ont beaucoup de mal à trouver leur place et ils partent perdants dans toutes les compétitions. En revanche, leur besoin et leur goût de l’amitié, et de la communion des cœurs, peuvent toucher et transformer les forts, si ces derniers veulent bien entendre cette voix venue d’en bas. Ils ont un rôle à jouer dans la guérison des cœurs et dans la destruction des barrières qui séparent les êtres humains et qui les empêchent de vivre heureux… Mais la faiblesse fait peur. N’est-ce pas le drame aussi de tant de vieillards qui sentent leurs forces diminuer ?

Vieillesse

La vieillesse peut être un temps heureux. Elle est un passage vers la terre de la communion, vers la faiblesse acceptée. On retrouve ce qu’on avait perdu, enfant, en cherchant une identité de pouvoir et de succès ; on retrouve la beauté et la simplicité de la vie quotidienne. On redevient faible et petit pour redécouvrir le sens de notre vie humaine : la communion.

Sens de la vie

Je crois dans l’importance de chaque personne, quels que soient ses limites, sa pauvreté ou ses dons. Il y a un sens à la vie de chacun, même si on ne le voit pas. Je crois dans l’histoire sacrée de chaque personne, dans sa beauté et sa valeur. Pour moi, la personne existe dès sa conception. Elle existe même si elle a un handicap profond. Elle existe avec sa beauté parfois défigurée dans les hommes et les femmes de la rue, dans les prisons, chez les personnes prises dans la drogue et l’alcool… Chacun dans son secret et son mystère, avec son destin particulier, est appelé à croître. L’important n’est pas d’arriver à la perfection humaine, loin de là, mais de se mettre en route par et à travers des gestes d’ouverture et d’amour, par des gestes de bonté et de communion.

Propos recueillis par Émilie Pourbaix

Pour aller plus loin :

Toute personne est une histoire sacrée, Jean Vanier, Plon 1994

Le corps brisé : retour vers la communion, Jean Vanier, Parole et Silence, 2015

4e édition du colloque « Fragilités Interdites ? » organisé par L’Arche, sur le thème : « Liberté, Égalité, Fragilité : revisiter la Fraternité ? »
26-27 novembre 2016, Docks de Paris. www.fragilites-interdites.org

www.arche-france.org

3 Clés pour Bien vivre la fragilité

1 Être soi-même.

Le premier choix à la base de toute croissance humaine est le choix de s’accepter soi-même ; accepter sa réalité telle qu’elle est, avec ses dons, ses capacités mais aussi avec ses limites, ses blessures, ses ténèbres, ses culpabilités, sa mortalité. Accepter son passé, sa famille, sa culture mais également ses capacités à croître. La croissance commence quand on fait le deuil des rêves sur soi et qu’on accepte sa propre humanité, limitée, pauvre, mais belle aussi. Parfois les refus de soi cachent les véritables dons et capacités. Le danger de l’être humain est de vouloir être autre ou comme un autre, voire être Dieu. Il s’agit d’être soi-même avec ses dons, ses compétences, avec ses capacités de communion et de coopération. C’est la condition pour être heureux.

2 Accepter les deuils.

Les deuils sont nécessaires ; ils sont comme un dépouillement pour revenir à l’essentiel et à la communion. il n’y aura plus alors de rêves, de fuites en avant, de dépendance à l’égard des autres et de leurs regards admiratifs ; on ne peut plus se cacher ; il y a alors seulement la pauvreté de son être, mais aussi sa beauté en tant que personne humaine, la vérité de son être et de sa conscience devant Dieu, la rencontre de la communion.

3 Entrer en communion.

Dans la communion, on devient vulnérable, on se laisse toucher par l’autre. Il y a une réciprocité qui passe par le regard, le toucher. Il y a comme un va-et-vient de l’amour, une reconnaissance mutuelle qui peut jaillir en célébration et sourires ou s’approfondir en compassion et en larmes. Pour la communion, le langage le plus important est le langage non verbal : le geste, le regard, le ton de la voix, l’attitude du corps. Ce sont eux qui révèlent l’intérêt qu’on a pour l’autre, comme ils révèlent aussi le désintérêt, le mépris, le rejet. Pour ceux qui ont des déficiences sur le plan du langage verbal, le corps devient le langage essentiel.

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